22 ans. Vera Uwaila Omozuwa n'avait que 22 ans lorsque son corps a été retrouvé le 27 mai dernier, à moitié dénudé et totalement ensanglanté, dans la Redeemed Christian Church of God, une église de Benin City, au sud du Nigeria. Avant de sombrer dans l'inconscience, l'étudiante a été violée au sein de cette paroisse évangélique. La jeune femme succombera de ses blessures trois jours plus tard. Une tragédie qui suscite la colère du peuple nigérian : celui-ci réclame désormais la justice pour Uwa.
Justice pour Uwa, c'est d'ailleurs l'intitulé du hashtag qui circule sur les réseaux sociaux, engendrant des milliers de tweets indignés. Au fil de ces publications virales, des pancartes sont brandies à l'adresse du gouvernement et des autorités nigérianes. Idéal pour éveiller les consciences et mobiliser les militances citoyennes, #JusticeForUwa dénonce les insuffisances d'un système et fait honneur à la mémoire de la jeune victime.
Et la colère ne résonne pas simplement au Nigeria. L'organisation non-gouvernementale Amnesty International s'en indigne sur Twitter : "Nous nous joignons aux citoyens du Nigeria pour réclamer justice. La violence envers les femmes doit cesser. Les autorités doivent garantir la justice pour Uwa, et toutes les autres femmes".
"Trop c'est trop", s'indigne à l'unisson une internaute, protestant contre l'inaction de la police face "aux meurtres brutaux et aux viols des femmes au Nigéria". Réagir à ces injustices systématiques et prendre à parti la police de l'État d'Edo quelques jours après la mort de l'étudiante dans l'hôpital universitaire de Benin City, c'est d'ailleurs là le mot d'ordre des citoyennes et citoyens nigérians partis manifester en nombre dans les rues de la ville le 1er juin dernier. Une quête de justice éperdue : comme le relate Le Monde, si deux des agresseurs présumés ont été arrêtés et inculpés par la police locale, trois autres suspects restent encore introuvables.
"La crainte permanente du viol pour les femmes, en plus de Covid-19, est terriblement injuste. Nous nous joignons aux survivantes qui continuent à plaider contre les violences sexuelles. Nous continuerons à nous battre pour la justice pour les femmes et les filles", a affirmé en retour le Fonds de développement des femmes africaines, la fondation qui subventionne les organisations luttant pour les droits des femmes africaines.
Sur les réseaux sociaux, le drame de Vera Uwaila Omozuwa permet également de sensibiliser l'opinion publique à la prégnance de la culture du viol dans la société nigérienne et à l'oppression patriarcale. C'est d'ailleurs ce que scande la personnalité télévisuelle Oloni à ses milliers de followers : "Ce qui se passe [au Nigéria] me brise le coeur. C'est barbare et dégoûtant. Cela va au-delà d'une conversation autour du consentement : ce drame démontre la méchanceté des hommes qui croient qu'ils ont tous les droits sur le corps des femmes".
Pour la ministre des Affaires humanitaires Sadiya Umar Farouq, cette tragédie nationale a beau être accablante, elle n'a malheureusement rien d'exceptionnelle. La politicienne observe effectivement "une augmentation des viols et des agressions sexuelles au Nigéria". Et déclare ajouter sa voix aux nombreuses protestations qui traversent le pays et le web, "en tant que femme, et en tant que mère". Une révolte abondamment relayée.