L'anniversaire de votre amie Audrey est dans un mois, mais la cagnotte est déjà en place... et largement remplie. Il faut dire que certains ont participé allègrement, versant sans sourciller de très coquettes sommes. Oui mais voilà, on ne choisit pas ses amis sur leur salaire et le vôtre justement ne vous permets pas de jeter l'argent par les fenêtres telle une Paris Hilton en goguette à Saint-Tropez. Deux angoisses se mêlent alors : celle de passer pour une radine et celle de vous faire bouffer toute crue par votre banquier. Comme toujours, la peur d'être mal vue par vos potes l'emportera et vous finirez par vous maudire en découvrant le cadeau choisi.
Le cadeau justement, parlons-en. Vous avez beau considérer Audrey comme une amie indispensable à votre vie, vous n'êtes malheureusement pas celle qui a organisé la cagnotte. Et celui ou celle qui se cache derrière a déjà une très bonne idée de ce qui rendrait Audrey "folle-de-joie". Au choix ? Un saut à l'élastique, une GoPro ("parce que tu comprends Audrey adooooore faire des vidéos avec son téléphone"), et tout un tas d'autres trucs aussi clinquants qu'impersonnels. Personne n'ose se l'avouer, mais participer à une cagnotte revient à faire son entrée dans un monde totalitaire ambiance 1984.
Oui, les pots communs ont un autre problème de taille : les cadeaux finissent par devenir extrêmement impersonnels. Le temps où l'on rangeait dans un coin de nos têtes les coups de coeur de nos proches pour les ressortir au moment de leur anniversaire n'est plus qu'un lointain souvenir. Vous vouliez offrir à Audrey un présent cool dont vous seriez les seules à comprendre la signification ? Pas de bol, c'est loupé, loupé, définitivement loupé.
Avoir beaucoup d'amis, c'est bien. Nos week-ends sont toujours remplis et partir en vacances à 12, c'est toujours plus marrant qu'à 3 (quoi que). Mais qui dit beaucoup de potes dit forcément un nombre incalculable de cagnottes. En plus, il y en a toujours un pour être né début janvier alors que Noël a lessivé notre compte en banque. Et ne parlons même pas des trois autres qui fêtent leur anniversaire le même mois, les fourbes.
Avec la création de cette satanée cagnotte vient la conversation commune sur Facebook (ou le mail commun au choix). C'est ici que vous pourrez donner vos idées (forcément brillantes) qui seront toutes balayées d'un revers de main par vos soi-disant amis. C'est triste mais ce n'est pas le pire. Car c'est également ici que les retardataires seront méchamment rappelés à l'ordre, tandis que les autres en profiteront pour raconter leur vie. En moins de temps qu'il ne le faut pour dire "Leetchi" ou "Pot commun", vous allez vous mettre à crouler sous les notifications Facebook. Vous quitteriez bien la conversation, mais vous avez peur des réactions. Ceci est du cyber-harcèlement, ni plus ni moins.
>> 10 "amis" à virer de notre Facebook en 2015 <<
Participer à une cagnotte pour l'anniversaire/le mariage/naissance de l'enfant d'un proche, d'accord. Mais investir dans la cagnotte pour les 32 ans et demi du pote de votre mec qui ne se souvient plus de votre nom, est-ce vraiment raisonnable ? Cette mode du cadeau commun va tellement loin qu'on en vient à se demander quel prochain prétexte trouvera notre entourage pour nous saigner à blanc... la Bar Mitzvah du cousin d'Audrey ? Les nouveaux seins d'Elodie ? Les six mois de Paul sans cigarette ? On rigole, on rigole mais il n'y a plus aucune limite. Aucune.