Il fallait s'y attendre. Alors que les pilules de troisième et de quatrième génération sont au cœur de la polémique, les pharmacies auraient noté une nette augmentation de la vente de pilules de deuxième génération, de l'ordre de 20% sur les dix premiers jours de l'année, selon une information du Nouvel Observateur. Parallèlement, celles de troisième génération aurait accusé un recul de 6% sur la même période. Rien d'étonnant au vu du scandale sanitaire qui entoure ces dernières. Il y a une semaine environ, la ministre de la Santé Marisol Touraine appelait d'ailleurs les femmes à vérifier le type de pilule prise et à voir « comment elles pourront, le cas échéant, faire évoluer leur contraception » lors de leur prochaine consultation gynécologique. Quelques jours auparavant, elle avait avancé de six mois le déremboursement définitif des pilules de troisième génération. Initialement prévu en septembre 2013, il interviendra finalement le 1er avril prochain avec l'objectif assumé d'inciter les professionnels de santé à privilégier systématiquement la prescription de pilules de deuxième génération.
Mais cette mesure n'est pas du goût de tous les professionnels de santé. Brigitte Letombe, gynécologue-obstétricien au CHU de Lille, s'est est expliqué au site Internet La Vie. « Les pilules sont toutes d'efficacité identique, mais elles ne sont pas toutes bien tolérées. Dans les premières pilules combinées (oestro-progestatives), le progestatif contient une hormone mâle qui entraîne parfois des effets adverses : pilosité, acnée, problèmes de poids, élévation du cholestérol. Dans les pilules combinées plus récentes mais qui datent toutefois de 20 ans, le progestatif est différent. On les prescrit donc pour éviter de tels problèmes », indique-t-elle, précisant que « lorsqu'une femme présente des risques d'accident thrombotiques familiaux ou personnels, elle ne doit prendre aucune pilule combinée (contenant des oestrogènes), quelle que soit la génération ».
Cette gynécologue, ancienne présidente de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM), estime que « le discrédit officiel porté sur la pilule de troisième génération est en train de remettre en cause la pilule elle-même. La confusion des annonces est en train de créer un effet de panique, et tout cela au détriment des patientes. Les femmes, qui ont déjà beaucoup de mal à s'astreindre à l'observance quotidienne de leur contraception, arrêtent de la prendre. » Et pour elle, les effets pervers de cette polémique se font déjà ressentir avec, depuis septembre dernier, une augmentation des IVG dues à l'arrêt de ce moyen de contraception.