"Cet acteur raciste, homophobe et misogyne sera à l'honneur à Cannes", titre la pétition signée par plus de 20 000 personnes depuis une semaine. Le festival a en effet fait savoir qu'il remettrait la Palme d'or d'honneur à Alain Delon, ce dimanche 19 mai. Un comédien qui, comme le rappelle l'association Osez le féminisme ainsi que l'autrice de la pétition, Margherita B., est "célèbre pour avoir frappé ses enfants et son ex-femme".
Son fils, Anthony Delon, confirmera d'ailleurs cette violence en dévoilant que sa mère a eu huit côtes cassées et deux fois le nez fracturé tellement Alain Delon la frappait fort, poursuit le collectif.
Et pourtant, voici la réponse de l'intéressé quand on lui demande s'il s'est mal comporté avec les femmes : "Une gifle, c'est machiste ? Oui, j'ai dû être machiste." Ça se passe de commentaires.
Au-delà de paroles rétrogrades sur les femmes ("Les femmes se sont battues pour avoir des droits, elles ont eu ce qu'elles voulaient, très bien. Mais pourquoi aller jusqu'à se comporter comme des hommes, pourquoi vouloir leur ressembler ?") et sans cacher sa proximité avec le Front national ("Je suis très sympathisant de M. Le Pen"), Alain Delon compte aussi plus d'une sortie homophobe à son palmarès.
Dans Le Figaro, il tente aujourd'hui de justifier ses propos contre le mariage gay tenues en 2013, en expliquant : "J'avais surtout dit que je me fichais complètement que des gays se marient. Mais qu'il y avait une chose que je ne voulais pas, c'était qu'ils adoptent, car un enfant a besoin selon moi d'une maman et d'un papa."
On aurait donc pu imaginer que les organisateurs·trices du festival de Cannes remettent en question leur décision de lui décerner un prix, mais c'était sans compter sur l'intervention du délégué général de l'événement, Thierry Frémaux, qui estime qu'Alain Delon "a le droit de penser ce qu'il pense".
En réalité, en France, la liberté s'arrête là où commence celle des autres. Et l'homophobie, le racisme ou faire preuves de violences à l'égard des femmes et des enfants n'a absolument rien à voir avec un "droit". C'est même puni par la loi.
En citant l'affaire Harvey Weinstein, le collectif Osez le féminisme questionne : "Où sont passées les promesses de ne plus dérouler le tapis rouge aux agresseurs, aux hommes violents contre les femmes, à tous ceux qui utilisent leur gloire pour faire oublier les violences qu'ils commettent en toute impunité ?".
Avant de conclure avec aplomb : "N'est-ce pas choquant de célébrer un agresseur machiste un an après #Metoo ? Un agresseur qui se vante de "taper sa femme" tandis qu'une femme meurt tous les 2 jours en France, tuée par son conjoint ou son ex-conjoint. Cet agresseur a-t-il le droit aux honneurs ?"
De son côté, le festival maintient son hommage et Alain Delon balaie la polémique d'un : "On m'aime ou on ne m'aime pas, mais on ne peut pas contester ma carrière", qui prouve qu'il n'a clairement pas saisi la gravité de ses actes.