L'altercation date du 19 juillet. Sur les marches du Congrès, Ted Yoho, élu républicain, croise sa consoeur démocrate, l'étoile montante du parti, Alexandria Ocasio-Cortez. Il l'aborde avec agressivité, la qualifiant de "complètement folle" et "écoeurante" pour ses propos liant la hausse de la criminalité à la pauvreté accrue par la pandémie, rapporte l'AFP.
Elle s'éloigne, il la traite de "fucking bitch", "putain de salope", en français. C'est un journaliste du site d'informations politique The Hill qui est témoin de ces derniers mots. Ted Yoho, lui, réfute ces accusations, son porte-parole assurant qu'il aurait plutôt dit "bullshit", ou "connerie".
Dans l'hémicycle, le 22 juillet, il "s'excuse" pour le ton "abrupt" qu'il a employé, mais nie en bloc l'insulte qui en aurait suivi. "Etant marié depuis 45 ans et père de deux filles, je suis très conscient de mes mots", lance-t-il.
Le lendemain, celle qu'on nomme "AOC" prend à son tour la parole au Congrès, démontant sans détour la piètre déclaration du politique. "Avoir une fille ne rend pas un homme convenable. Avoir une femme ne rend pas un homme convenable. Traiter les gens avec dignité et respect est ce qui rend un homme convenable".
Elle précise que les commentaires du représentant Yoho ne l'ont pas profondément blessée, "parce que j'ai fait partie de la classe ouvrière", poursuit-elle, faisant allusion à son passé de serveuse. "Ce genre de langage n'est pas nouveau. J'ai rencontré des mots prononcés par Monsieur Yoho et des hommes qui prononçaient les mêmes mots que Monsieur Yoho alors que j'étais harcelée dans des restaurants. J'ai jeté hors des bars des hommes qui avaient utilisé un langage comme celui de Monsieur Yoho."
La jeune femme dénonce un comportement sexiste systémique : "Il y a une culture de l'impunité, d'acceptation de la violence et du langage violent contre les femmes dans toute la structure du pouvoir qui soutient cela".
Et revient ensuite sur l'utilisation problématique de sa femme et de ses filles par l'élu républicain : "Je ne vais pas attendre les excuses d'un homme qui n'a aucun remords après avoir employé un langage abusif à l'encontre des femmes. Mais ce qui me pose problème, c'est d'utiliser les femmes, nos épouses et nos filles, comme boucliers et excuses pour justifier un mauvais comportement."
Elle fustige : "Monsieur Yoho a mentionné qu'il avait une femme et deux filles. J'ai deux ans de moins que la plus jeune fille de Monsieur Yoho. Je suis aussi la fille de quelqu'un. Mon père, heureusement, n'est pas vivant pour voir comment Monsieur Yoho a traité sa fille. Ma mère a pu voir à la télévision l'irrespect de Monsieur Yoho à mon égard sur le sol de ce bâtiment. Et je suis ici parce que je dois montrer à mes parents que je suis leur fille et qu'ils ne m'ont pas élevée pour accepter les agressions des hommes." Puissant.