Après l'activiste et penseuse Tarana Burke, fondatrice du mouvement #MeToo, c'est au tour de l'actrice Rose McGowan de réagir à l'affaire d'Asia Argento. Les deux femmes sont devenues proches l'année dernière suite aux révélations de l'affaire Harvey Weinstein. Toutes deux avaient témoigné en tant que victimes du producteur hollywoodien. Les deux actrices sont depuis des figures de proue du mouvement #MeToo.
Mi-août, le New York Times révélait qu'Asia Argento avait conclu un accord financier avec l'acteur Jimmy Bennett. Il accuse l'actrice de l'avoir violé alors qu'il n'avait que 17 ans. Elle lui aurait versé la somme de 380 000 dollars afin de clore l'affaire.
Dans un premier temps, Rose McGowan avait réagi en déclarant dans un tweet : "J'ai connu Asia Argento il y a dix mois. Notre point commun est la douleur partagée d'être agressée par Harvey Weinstein. Mon coeur est brisé. Je poursuivrai mon travail au nom des victimes partout dans le monde."
Son tweet, que beaucoup lui ont reproché, est pourtant équilibré. Il ne dédouane pas Asia Argento de sa responsabilité, mais lui conserve son statut de victime, ce qu'elle est. L'ex-actrice de la série Charmed a également publié deux messages (depuis supprimés) où elle demande au public de rester "calme" avec Asia Argento : "Aucun d'entre nous ne connaît la vérité sur cette situation et je suis sûre que plus d'informations seront révélées."
Dans un nouveau communiqué envoyé lundi 25 août aux médias, Rose McGowan précise son propos : "Beaucoup de gens croient que, parce que nous avons été proches l'une de l'autre au cours de la dernière année, je suis peut-être affiliée à cet incident ou complice. Je ne le suis pas."
Elle ajoute : "Asia était une personne qui comprenait mon traumatisme d'une manière que beaucoup d'autres ne comprenaient pas. Nous avons pu nous défendre mutuellement. On a même des tatouages à pois assortis !"
Rose McGowan, qui fréquente le mannequin Rain Dove depuis juillet, explique que cette dernière l'a appelée pour la prévenir d'informations compromettantes. Elle aurait eu en sa possession des textos d'Asia Argento affirmant que Jimmy Bennett lui envoyait des photos de nu depuis ses douze ans. Asia Argento aurait aussi affirmé avoir eu une relation sexuelle avec l'acteur alors âgé de 17 ans. Selon Rain Dove, l'actrice n'aurait pas dit stop à l'envoi de photos et n'aurait pas non plus prévenu ses parents.
Rose McGowan aurait incité Rain Dove à remettre ces preuves à la police. Elle explique dans le communiqué : "Ce qui était difficile, c'était le choc de la prise de conscience que tout ce que le mouvement MeToo représentait était sur le point d'être menacé."
L'actrice et autrice du livre Brave poursuit : "Il ne devrait absolument pas y avoir de marge de manoeuvre ou de tolérance pour les agressions sexuelles. Point barre. Aucune [...] On ne devrait pas non plus dire aux victimes comment elles devraient réagir ou ce qu'elles devraient dire au sujet de leurs agresseurs. Cependant, en tant qu'alliés de la victime et des témoins d'un événement, nous devrions trouver un meilleur équilibre entre le soutien de la victime et l'application régulière de la loi pour l'accusé".
Elle s'adresse enfin à Asia Argento, alors que leur amitié semble aujourd'hui compromise : "Asia, tu étais mon amie. Je t'aimais.... Fais ce qu'il faut. Sois honnête. Sois juste. Que la justice garde le cap. Sois la personne que tu aurais aimé qu'Harvey soit."
Sur le mouvement de libération de la parole des femmes, Rose McGowan appelle le public à dépasser l'affaire Asia Argento : "Nous ne pouvons pas laisser ce moment briser l'élan d'un mouvement qui a libéré tant de gens."