"Les gardien·ne·s se mettent en danger pour défendre les idéaux sacrés de la démocratie". C'est sur ces mots que le magazine américain Time a élu la Française Assa Traoré "Gardienne de l'année", parmi d'autres noms de la lutte antiraciste : Porche Bennett-Bey, pour son engagement après l'affaire Jacob Blake, Jamaal Bowman et Oluchi Omeoga, figures du mouvement Black Lives Matter.
A Paris, l'activiste lutte depuis 2016 pour dénoncer les violences policières dont a été victime son frère, Adama, mort aux mains des gendarmes dans la caserne de Persan (Val d'Oise), cette année-là. Elle avait alors créé le collectif "Justice pour Adama". Pour lui, et rapidement pour d'autres qui les subissent à leur tour. "Derrière les mots démocratie, égalité, fraternité, liberté, lorsque nous tirons les rideaux, des choses horribles se produisent", dénonce-t-elle au Time, estimant que la mort de son frère ne pouvait pas être "un fait divers mineur".
En mai 2020, l'assassinat de George Floyd par des policiers à Minneapolis avait déclenché une résurgence du combat contre les inégalités raciales et du mouvement Black Live Matter. Aux Etats-Unis, mais aussi en France. Assa Traoré est devenue l'une des figures de proue de ce mouvement, rassemblant, grâce à un appel lancé sur les réseaux sociaux, des dizaines de milliers de personnes lors d'une mobilisation sans précédent.
"'Nous avons réussi', s'était alors dit Assa Traoré en regardant cette mer de visages : 'Nous avons envoyé le message dont nous parlions depuis quatre ans'", rapporte encore le magazine.
Parmi ses soutiens, une interrogation se dessine : à quand la même récompense de ce côté-ci de l'Atlantique ?
Cette année, le titre de "Personnalité de l'année" a été remis à Joe Biden et Kamala Harris, récemment élu·e·s président et vice-présidente des Etats-Unis, détrônant Donald Trump au grand soulagement de l'Amérique démocrate - et d'une partie du monde. Une distinction qui ne fait cependant pas l'unanimité.
En pleine crise sanitaire, alors que les soignant·e·s sauvent des vies aux dépens de la leur, et que les "travailleur·se·s essentiel·le·s" oeuvrent en première ligne pour subvenir aux besoins de première nécessité de la population, beaucoup ont regretté sur les réseaux sociaux que l'honneur ne leur soit pas rendu, bien qu'ils·elles héritent tout de même du titre de "Gardien·ne·s de l'année".
La rédaction du Time justifie son choix ainsi : Joe Biden et Kamala Harris incarne le changement de l'histoire de l'Amérique. "Pour changer l'histoire de l'Amérique, pour montrer que les forces de l'empathie sont supérieures à celles de la division, pour offrir une vision de la guérison dans un monde endeuillé, Joe Biden et Kamala Harris sont pour Time les Personnalités de l'année 2020". Un défi de taille pour un mandat présidentiel, que le duo a accepté de relever.