Le sexisme décomplexé et ordinaire à l'encontre des femmes qui "osent" faire de la politique a encore de beaux jours devant lui. Après Cécile Duflot, sifflée pendant les questions au gouvernement parce qu'elle portait une robe, Najat Vallaud-Belkacem cible d'une tribune ouvertement sexiste dans Le Point ou plus récemment Brigitte Macron, visée par une pétition qui dénonçait la longueur de ses jupes, c'est cette fois-ci Aurore Bergé qui fait l'objet de commentaires d'une misogynie honteuse.
Invitée ce samedi de Thierry Ardisson dans "Salut les Terriens", la députée LREM des Yvelines a été victime de commentaires et d'insultes sexistes sur les réseaux sociaux. Son tort ? Avoir porté une tenue jugée trop courte et trop décolletée au goût de certains internautes.
Les convictions politiques d'Aurore Bergé, son engagement aux côtés d'Emmanuel Macron, son combat féministe et contre le harcèlement sexuel : tous ces éléments, pourtant évoqués pendant les vingt bonnes minutes qu'a duré l'interview, ont été éclipsés par la tenue que portait la députée.
Une récurrence sexiste qui en dit long sur la perception qu'ont encore bon nombre d'internautes sur l'engagement des femmes en politique. Réduites à leur apparence, elles sont sans cesse dénigrées, rabaissées. Leur discours finit par être inaudible.
Aurore Bergé en a bien conscience. Dans un tweet posté suite à l'émission, la jeune femme met exactement le doigt sur ce sexisme dont pâtissent les femmes en politique.
Presque cinq mois après l'onde de choc #MeToo, on aurait pu croire que le harcèlement sexiste et les commentaires sur les tenues des femmes se feraient moins présents dans les discours et les prises de position publiques. C'était trop demander à certains, visiblement trop heureux de trouver le moindre prétexte pour discréditer la parole d'une femme politique.
Comme l'a rappelé la députée France Insoumise Clémentine Autain dans un tweet de soutien à Aurore Bergé, que l'on soit ou non d'accord avec ses idées, cela ne justifie en rien les remarques sexistes professées à son encontre.
Une femme a le droit de s'habiller comme elle l'entend sans être la cible d'insultes misogynes que jamais un homme n'aurait à essuyer. Nier le contraire, c'est quelque part faire le jeu de la culture du viol car entre "Une femme politique n'a pas à s'habiller ainsi" et "Si elle se fait agresser, c'est à cause de sa tenue, elle l'a bien cherché", il n'y a qu'un pas. Juger Aurore Bergé sur sa tenue, c'est aussi discréditer la parole de toutes les femmes et affermir encore un peu plus l'idée qu'une femme n'a pas à émettre son opinion en public et que seules les femmes effaçant leur féminité sont dignes d'être écoutées et respectées.
"Cette manie de traiter les femmes politiques de 'salope' quand on découvre qu'elles ont l'outrecuidance d'avoir des seins, des jambes, ou une vie sexuelle... Rien ne justifie cela !", a ainsi tweeté Marlène Schiappa en soutien à Aurore Bergé. La secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes a aussi rappelé à bon escient que le délit d'injure publique était passible de 12 000 euros d'amende.
Elle n'a pas été la seule à prendre la défense d'Aurore Bergé. Sur Twitter, nombreux ont été les internautes, personnalités politiques, médiatiques mais aussi anonymes, à apporter leur soutien à la députée LREM et à dénoncer vivement le sexisme dont elle a été la cible.