"Un coup de pub offensant et de mauvais goût". Voilà comment les parlementaires ont qualifié la mise en scène de Pauline Hanson, leader du parti d'extrême droite australien One Nation. Jeudi, la sénatrice est arrivée dans l'hémicycle habillée d'une burqa, sous le regard estomaqué de ses confrères et de ses consoeurs. Celle-ci a attendu quelques minutes, avant de retirer son accoutrement d'un geste théâtral. Le but de cette mascarade ? Faire interdire le port de la burqa en Australie. "Je suis heureuse de l'enlever parce que cela ne devrait pas avoir sa place au Parlement", a-t-elle déclaré avant d'ajouter : "Si une personne porte un cache-nez ou un casque dans une banque ou dans tout autre bâtiment, elle doit l'enlever. Pourquoi est-ce qu'on ne demande pas la même chose à quelqu'un qui couvre son visage et ne peut pas être identifié ?".
Le geste de cette femme politique n'a pas manqué de déclencher les foudres de ses collègues, et surtout celles du chef de la majorité au Sénat George Brandis, qui a immédiatement réagi en affirmant qu'il n'avait aucune intention d'interdire le port de la burqa : "Je ne ferai pas semblant d'ignorer le coup de pub que vous avez tenté de faire en arrivant dans la Chambre habillée en burqa (...) Nous savons tous que vous n'adhérez pas à la foi islamique. Je vous recommande et vous conseille avec respect d'être très, très prudente de l'offense que vous pouvez faire aux sensibilités religieuses d'autres Australiens", lui a-t-il asséné. Ces déclarations ont été saluées par une salve d'applaudissements au sein de l'hémicycle.
Sur Twitter aussi, les réactions des parlementaires ont fusé : "Le coup de pub de Pauline Hanson était un étalage blessant, offensant et dangereux de sa propre ignorance. Le Sénat y a résisté comme il le devait", a tweeté la sénatrice Sarah Hanson-Young. Le sénateur Simon Birmingham a pour sa part exprimé sa gratitude envers George Bradis : "Très fier d'être un ami et collègue de George Brandis - une belle, juste et nécessaire déclaration".
Impliquée dans la vie politique depuis les années 80, Pauline Hanson s'est depuis longtemps positionnée avec des mesures "anti-immigration". Elle s'est notamment démarquée par ses campagnes contre les immigrés provenant des pays d'Asie et les demandeurs d'asile. Aujourd'hui, son nouveau cheval de bataille vise la communauté musulmane et le port de vêtements traditionnels, qu'elle juge indigne pour la condition des femmes de son pays.
Ce n'est pas la première fois en Australie qu'une sénatrice surprend ses collègues en se mettant en scène dans l'hémicycle. En mai dernier, la députée du parti des Verts Larissa Waters a marqué l'histoire de la vie politique du pays. Mais c'était pour une raison bien plus honorable. En effet, Larissa Waters a été la première politicienne à allaiter son bébé lors d'une séance au Parlement fédéral. Elle a ainsi pu user de ce droit qui existe pourtant depuis presque 15 ans dans ce pays d'Océanie. En agissant ainsi, la députée entendait faire évoluer les mentalités en montrant qu'une femme peut à la fois travailler et être mère.