Un délai passé de 5 à 7 semaines (soit de 7 à 9 semaines d'aménorrhée), et un prolongement durable à l'accès des interruptions volontaires de grossesse médicamenteuse par téléconsultation au-delà de l'état d'urgence de la crise sanitaire, voilà ce qu'annonce le décret paru au Journal officiel ce 19 février.
Avant la pandémie, les personnes qui souhaitaient recourir à un avortement par cette voie devaient se rendre à 3 rendez-vous distincts en présentiel : l'examen médical, la prescription, puis l'examen post-avortement. Aujourd'hui, il suffira d'une consultation à distance pour que le ou la praticien·ne autorisé·e (médecin, sage-femme) envoie une ordonnance à la pharmacie désignée par la patiente. Puis à celle-ci de passer récupérer les médicaments nécessaires dans sa pharmacie. L'obligation d'une première prise de médicament devant un·e professionnel·le de santé a également été supprimée.
Un progrès majeur qui facilite l'accès à la procédure pour des raisons géographiques, mais offre aussi davantage de discrétion aux personnes concernées.
Cette annonce intervient trois jours avant l'examen en dernière lecture à l'Assemblée nationale de la proposition de loi d'Albane Guillot. La députée porte un texte qui vise à allonger les délais du droit à l'avortement de 12 à 14 semaines. Le texte avait fait l'objet de débats houleux au Sénat, à majorité de droite.
Dans une tribune publiée sur Libération le 28 septembre 2020, 343 signataires détaillaient les raisons pour lesquelles cette mesure est nécessaire.
"La loi française autorise l'avortement jusqu'à douze semaines de grossesse. Chaque année, en France, quelque 3 000 à 5 000 femmes sont contraintes de partir avorter à l'étranger du fait du dépassement des délais légaux", écrivaient les militant·es. "Et combien d'autres ne peuvent assumer les nombreux frais que cela implique en matière de déplacement, d'hébergement et de coût de l'intervention ?"
Et de marteler : "Nous rappelons qu'aucune d'entre elles ne reporte sa décision par distraction, par manque de temps ou par plaisir. Le dépassement des délais légaux est davantage le reflet des difficultés de parcours et d'accès des femmes à l'IVG que celui de leur difficulté à faire un choix. Pour que l'IVG soit un droit pour toutes, et non pas seulement pour celles qui en ont les moyens, la loi doit changer."
Une semaine qui sera décisive pour ce combat.