L'ambiance anxiogène du moment et le brouhaha extérieur vous sont beaucoup trop étouffants ? Vous ne parvenez pas à vous exprimer dans ce capharnaüm qui vous lasse ? Plus encore, vous craignez de sombrer dans le burn-out, si tant est que vous n'y avez pas déjà posé un pied ?
Pas de panique, le Dr Jenn Anders a une solution : "l'hibernation". On le sait, cette option est déjà couramment pratiquée par les marmottes, les hérissons, les chauve-souris... A première vue, vous ne partagez pas non plus mille et un points communs avec ces individus par ailleurs charmants. Or, selon Jenn Anders, on aurait tant à gagner à nous éloigner du monde.
Ne serait-ce que sur le plan de la santé mentale. Hiberner, pour moins s'angoisser ?
Et si c'était vrai ? C'est en tout cas ce que suggère la docteure dans les pages du magazine en ligne Stylist. L'experte associe même l'hibernation à un processus de guérison. Car par hibernation, il faut également comprendre : "introspection". Quand le moral est au plus bas, sortir de chez soi n'est pas la solution la plus évidente et pourtant, c'est la plus recommandée. Comme s'il fallait à tout prix se confronter au monde.
Or, un retour à soi importe tout autant, si ce n'est plus encore. L'hibernation serait dès lors une "stratégie" qui, loin de s'associer au déni, permettrait de mieux "faire face à des situations difficiles". Pour Jenn Anders, c'est également une histoire de "confiance en soi" : si notre corps nous incite à rester chez soi, il ne fait pas toujours bon se forcer en empruntant le chemin inverse.
Au contraire, se déconnecter du monde peut aider à mieux y revenir. L'hibernation serait une "tendance naturelle", développe Stylist, "un signal de notre esprit et de notre corps". On peut également interpréter cette tendance naturelle comme une manière de se protéger des éventuelles menaces extérieures. En ce sens, pour The Guardian , l'hibernation permet de "conserver son énergie" quand le moral est au plus bas.
Et elle n'exclue pas forcément de brefs épisodes d'interactions. On peut s'inspirer par exemple de la manière dont les Finlandais perçoivent à travers le sauna un moyen privilégié de lutter contre le froid mais aussi "un lieu de refuge et de convivialité pendant les périodes d'isolement". C'est aussi cela, hiberner : se trouver un refuge temporaire avant de renouer avec un rythme de vie exigeant. Et privilégier le silence, la patience, la familiarité, le réconfort, bref, relate The Guardian, "les plaisirs de la solitude".
Autant de raisons de se retirer temporairement du monde. Et qu'importent les complexes et préjugés encore lourds qui pèsent sur cette pratique, jugée asociale et contre-productive au possible. Au contraire, à en croire la professeure adjointe en philosophie à l'Université de Pittsburgh Kathryn Roecklein, interrogée par le média américain NBC News, "le retrait social est une pratique naturelle". Et plus encore, une véritable tradition. "Les gens le font depuis des siècles", poursuit l'experte.
Le professeur du département de psychiatrie de l'Université de Toronto Robert Levitan perçoit en ce même retrait social "un processus adaptatif conçu pour protéger les individus". Et plus encore, quelque chose qui serait "en quelque sorte inscrit dans notre ADN", ni plus ni moins. De quoi inciter celles et ceux qui s'y adonneraient à déculpabiliser fissa.
D'autant plus que les appels à hiberner pour se préserver ne manquent pas sur les réseaux sociaux. Du côté de Medium notamment, une internaute énumère les multiples vertus de l'hibernation : une meilleure connexion à soi, un repos nécessaire permettant de recharger la batterie pour les mois à venir, une manière de mieux lutter contre le stress du quotidien, ou bien encore, la perspective d'un "ralentissement" aux antipodes d'une société accélérée. C'est aussi aller contre le rythme des obligations sociales.
Penser en dehors de ces injonctions, pour mieux se retrouver, et mieux se porter ? C'est en tout cas ce que bien des spécialistes en santé mentale affirment aujourd'hui. Reste juste à tester.