"J'en ai parlé à l'époque et tout le monde s'est moqué de moi – j'ai été harcelé par une réalisatrice plus âgée que moi". Voilà ce dont témoigne Bouli Lanners. Acteur admirable - Césarisé pour La nuit du 12 - mais aussi cinéaste grandement mésestimé, l'artiste Belge fut victime de harcèlement sexuel.
Il en parle aujourd'hui.
Aujourd'hui seulement ? Non, il en parlait déjà hier. Sans retentissement. Dans les pages de La Libre, il explique : "À chaque fois que j'ai commencé à en parler, les gens ont ri parce que j'étais un mec, parce que j'étais gros et que j'avais bien de la chance d'être là. Donc la parole n'était pas écoutée non plus. Cette réalisatrice avait le pouvoir de. Et c'est celui qui a 'le pouvoir de' qui l'exerce sur l'autre"
C'est déplorable. La parole du comédien s'inscrit dans un mouvement à peine initié : #MeTooGarçons. Il y a peu, un autre acteur libérait la parole : Aurélien Wiik, de la série Munch. "De mes 11 ans à mes 15 ans, j'ai été abusé par mon agent et d'autres gens de son entourage. Je me suis défendu des mains baladeuses. On a essayé de m'enfermer dans des toilettes. J'ai dû me défendre verbalement, physiquement", relate ce dernier.
Témoignages difficiles, sur un sujet tabou : les violences sexuelles dont les hommes, eux aussi, sont victimes. Voilà pourquoi il faut prêter la plus vive attention à Bouli Lanners.
"C'était extrêmement difficile pour moi d'en parler", poursuit par ailleurs l'acteur auprès du journal Belge. "J'en ai parlé très peu. Et même aujourd'hui, ma parole n'est pas acceptée parce que je suis un homme et que je fais partie du camp de ceux qui sont les harceleurs. Je peux difficilement parler de ça".
"C'est un peu comme si je trouvais une excuse pour justifier ce que les autres font. Non, pas du tout. Si on nous avait remis, moi, dans le rôle d'une comédienne, et la réalisatrice, dans le rôle d'un réalisateur, il y aurait un #MeToo directement. Il faut simplement que la parole se libère"