Britney Spears a enfin parlé. Ce 23 juin, la chanteuse de 39 ans a livré un argumentaire puissant de 20 minutes auprès d'un tribunal de Los Angeles, dressant point par point pourquoi la tutelle à laquelle elle est soumise depuis 13 ans doit être levée.
Elle a décrit le contrôle oppressant que sa famille, qu'elle doit consulter pour la plupart de ses décisions, exerce sur sa carrière et sa personne - allant jusqu'à l'empêcher de retirer son stérilet. La complicité de certains spécialistes - notamment son ancien psy, feu Dr Benson, qui aurait "abusé" d'elle en lui prescrivant des médicaments de force. Ou encore la dépression dans laquelle cette décision de justice la plonge au quotidien - Instagram et ses clichés où elle apparaît heureuse n'étant qu'une façade, admet-elle.
"J'ai dit au monde que je suis heureuse et que je vais bien" mais "je suis traumatisée", lâche-t-elle, vraisemblablement à bout.
Face à ce contexte tragique, brillamment disséqué dans le documentaire du New York Times Framing Britney Spears sorti en France en avril dernier, plusieurs stars ont pris la parole. Mariah Carey, Rose McGowan, ou encore la styliste Vera Wang, se sont rangées derrière le mouvement #FreeBritney, lancé par des fans en quête de justice. Toutes apportent à l'icône américaine un soutien important, et redorent par la même occasion le blason de la sororité made in star-system.
Et puis, il y a eu les mots de Justin Timberlake, son ex. Sur Twitter, le chanteur a publié ce texte : "Après ce que nous avons observé aujourd'hui, nous devons tous soutenir Britney Spears. Peu importe le passé, le bon et le mauvais, peu importe combien de temps cela fait... Ce qui lui arrive n'est tout simplement pas normal."
Et de poursuivre : "Aucune femme ne devrait être empêchée de faire ce qu'elle veut de son propre corps. Personne ne devrait être détenu contre sa volonté ou avoir à demander la permission de récolter les fruits de son dur labeur. Jess (Jessica Biel, sa femme, ndlr) et moi-même envoyons notre amour et notre soutien total à Britney en cette période. Nous espérons que la cour, et sa famille, feront les bons choix et la laisseront vivre librement."
Des mots louables en apparence, mais qui font toutefois grincer des dents. Car voilà, Justin Timberlake n'est pas exactement ce qu'on peut qualifier d'innocent lorsqu'il s'agit du traitement sexiste et destructeur dont a été victime celle qui a partagé sa vie pendant des années. Pire, il y a contribué. C'est même en n'intervenant pas lorsque la presse s'est mêlée de leur histoire, accusant Britney Spears d'être responsable de leur rupture et d'une soi-disant trahison, qu'il a pu tirer quelques heures de gloire ainsi que le tube international Cry Me A River.
Dans le clip du hit, il joue d'ailleurs, sans scrupule, sur ces soupçons de tromperie. En cause : une actrice ressemblant trait pour trait à son ex et des paroles qui laissent peu de place au doute. S'en est suivie notamment l'interview humiliante et problématique de la pop star par Diane Sawyer, où la journaliste lui a lourdement reproché d'avoir brisé le coeur du chanteur, avant de critiquer son apparence, de tolérer les menaces de mort de la femme de l'ancien gouverneur du Maryland à son encontre, et de la laisser en larmes.
Autre anecdote peu reluisante : la façon dont, sur une radio locale, Justin Timberlake s'est vanté d'avoir eu des relations sexuelles avec la jeune femme, sous les rires gras des animateurs. Ou l'enfer du boys club médiatisé.
Aujourd'hui, nombreux·se·s internautes sont donc révoltés. "Certains d'entre nous ont soutenu Britney pendant tout ce temps, au lieu de lui faire honte, de la traîner dans ta musique pour avoir de l'influence et de ne prendre la parole qu'une fois que tu as réalisé que ton attitude de mec de fraternité n'était plus 'mignon'. On te voit. On n'oublie pas que ton comportement est également à blâmer", écrit l'un d'eux.
A noter qu'il n'avait pas non plus pris position lorsque Janet Jackson a subi une déferlante de slut-shaming en 2004, suite au Nipplegate que le performer a lui-même provoqué.
Auprès de Britney, comme de Janet Jackson, ce dernier a tout de même tenté - juste après la diffusion du docu choc, question de timing - de s'excuser. Un bon début... ou plutôt, la moindre des choses. Sur Instagram, il reconnaissait publiquement qu'il n'avait "pas été à la hauteur dans ces moments-là, comme dans beaucoup d'autres", et surtout "bénéficié d'un système qui favorise la misogynie et le racisme". Excuses qui, force est de le constater, sont loin d'avoir convaincu.