C’est un protocole utilisé par les scientifiques dans toute l’Europe depuis la fin des années 2000 que les chercheurs de l'université de Paris Sud ont décidé de reprendre. En prélevant, à deux reprises, les eaux usées de 25 stations d’épuration dans des villes de 10 000, 30 000 et 100 000 habitants, les scientifiques ont pu établir un instantané de la consommation de drogues en France. « [La drogue] se dégrade dans le corps mais ne disparaît pas totalement quand elle est évacuée », explique ainsi Yves Levi, l'un des auteurs de l'étude. Une méthode qui est pour les chercheurs bien plus objective que celles menées jusqu’à présent auprès des usagers. Pourtant leurs conclusions confirment celles de précédentes études : tout comme l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies l’avait indiqué dans son rapport de 2012, les Français semblent être les plus gros consommateurs de cannabis en Europe.
Cette étude montre aussi une grande disparité dans la consommation de drogues en France. Ainsi les traces d’héroïne sont plus élevées dans le nord-est que dans le reste du territoire, tandis que la consommation de MDMA et d’amphétamines serait plus importante dans le sud. Lille étant, selon les résultats avancés par les scientifiques, la ville où la consommation de cocaïne et de cannabis serait la plus importante. Les lillois fumeraient ainsi 999 mg par jour pour 1 000 habitants, soit cinq fois plus qu’à Amsterdam.
Mais ces résultats ont été vivement contestés par la maire de Lille, Martine Aubry. L’un des prélèvements dans sa ville aurait en effet été effectué pendant la grande braderie, « un moment où la ville accueille plus de 2 millions de personnes », a souligné l'élue socialiste. Elle a, par ailleurs, rappelé que, selon les données du Baromètre santé de l’INPES publié en mars 2013, « le niveau de consommation des drogues dans le Nord-Pas-de-Calais, quel que soit le produit stupéfiant étudié, est inférieur depuis de nombreuses années à la moyenne constatée dans le reste du pays. » Yves Levi, l’un des auteurs, rappelle pour sa part qu’il est « absurde » de dresser un classement des « capitales de la drogue », l’étude n’ayant pas pour l’instant de données sur toutes les agglomérations, comme par exemple celles de Marseille ou Lyon.
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