"Les pays du monde entier prennent des mesures sans précédent pour empêcher la propagation du coronavirus, allant de l'extrême à la créativité". Difficile de mieux résumer le contexte global que nous vivons que ces quelques lignes de la BBC. Ainsi, l'une des mesures de confinement les plus "insolites" nous emmène au coeur du Panama. Dans le pays d'Amérique centrale, où plus d'un millier de cas de coronavirus ont déjà été confirmés, les règles de quarantaines séparent les personnes... par sexe. C'est-à-dire qu'hommes et femmes doivent sortir de leur domicile en des jours différents et jamais ensemble.
Plus précisément, vous pouvez quitter votre foyer le lundi, le mercredi et le vendredi si vous êtes une femme, le reste de la semaine si vous êtes un homme. Le dimanche, tout le monde reste chez soi. Et, dans tous les cas, votre permission n'implique que deux heures maximum par jour. De quoi faire d'une bonne moitié de la semaine une période "women only". Mais comment expliquer ce choix sanitaire et politique ?
"Cette quarantaine absolue ne sert qu'à vous sauver la vie", déclare d'emblée le ministre de la Sécurité Juan Pino. D'accord, mais cette "distanciation sociale" ouvertement genrée alors ? De la même manière, ces restrictions implacables auraient pour but de limiter l'affluence dans l'espace public, tout simplement. Ce qui semble logique lorsque l'on y pense : afin que les rares sorties ne soient pas massives et disproportionnées, des rayons des supermarchés aux allées des pharmacies, autant "diviser" pour mieux organiser.
Si Juan Puno voit là "un moyen simple" de mieux répartir les sorties "nécessaires" de la population panaméenne et ainsi d'éviter dans la mesure du possible les risques de contamination, on imagine également que la dimension un brin "choc" de cette règle citoyenne peut contribuer à sensibiliser l'opinion publique. La faire réfléchir au sujet des dangers encourus par celles et ceux qui ne souhaitent pas respecter l'adage du "Restez chez vous" et les fameux "gestes-barrières".
Néanmoins, comme le soulève Courrier International, cette décision gouvernementale est aussi exceptionnelle qu'elle est excluante, pour la bonne raison qu'elle invisibilise totalement les personnes transgenre, grandes oubliées de cette initiative ministérielle. "Quand peuvent circuler les trans ?", s'interroge à raison le quotidien panaméen La Prensa. Militant depuis près d'une décennie pour l'inclusion et la visibilité des genres et des minorités, l'ONG chilienne Fundación Iguales tire quant à elle la sonnette d'alarme : "Les personnes trans dont le genre attribué sur la carte d'identité ne coïncide pas avec leur réalité actuelle ont besoin de soutien".
Une nouvelle preuve des nombreuses et diverses discriminations induites par le confinement. Pas simplement au Panama d'ailleurs, mais aux quatre coins du globe.