La découverte est assez improbable. Tout part de deux études publiées dans l'American Physical Society (APS), réalisées par deux chercheurs français du CNRS de Montpellier en collaboration avec l'université américaine de Princeton. Leur but : observer notre façon de parler, son incidence sur la diffusion du coronavirus, et potentiellement trouver un moyen de moins postillonner. Car on vous le rappelle, ce sont dans les micro-gouttelettes, lorsque celles-ci sont infectées, que le virus se transmet. Et c'est en postillonnant que l'on libère justement ces micro gouttelettes.
Dans ce long rapport, les scientifiques exposent plusieurs faits. Le mètre de distance ne signifie pas toujours sécurité, et le baume à lèvres pourrait être d'une certaine utilité. Explications.
Pour arriver à ce résultat, les experts ont installé un homme dans une pièce close, auquel ils ont demandé de répéter la même phrase plusieurs fois : l'équivalent de "Papa passe-moi le pain". Ensuite, grâce à une machine à brouillard et une lumière laser, détaille France Bleu Hérault, ils ont repéré les postillons dans l'air, ainsi que leurs déplacements. Alors, dépassent-ils le fameux mètre de distance ?
La réponse est édifiante : en l'absence de masque, la distanciation sociale d'un mètre ne protège pas assez. "Ça ne tient plus", reconnaît Manouk Abkarian, chercheur au CNRS de Montpellier, au micro de la radio régionale. "Il y a un lien entre les consonnes utilisées lorsque l'on parle et la production de gouttelettes, et c'est assez perturbant" souligne-t-il. Ainsi, le "p", le "b" ou le "k" projetteraient de l'air jusqu'à deux mètres - et ce, en quelques secondes.
Le scientifique ajoute par ailleurs que "le temps d'exposition lors d'une conversation a autant d'influence que la distance". Gare aux discussions prolongées quand elles se font trop rapprochées et à découvert, donc.
Pour diminuer les risques de catapulter le virus à chaque mot, les chercheurs évoquent l'astuce du baume à lèvres. "On s'est amusé à le vérifier. Oui le baume à lèvres réduit les émissions de gouttelettes pour les consonnes plausives comme le 'p', mais, parce qu'il y a un mais, le nombre de gouttes remonte au fil du temps", insiste Manouk Abkarian.
Appliquer sur la bouche, le stick empêcherait les "filaments" de salive formés sur les bords des lèvres de se transformer en gouttelettes, résume MaxiSciences. Y avoir recours diviserait même par quatre les projections potentiellement infectées - et parviendrait à baisser le risque de contamination.
Bien sûr, cela n'exonère en aucun cas du port du masque. Ce réflexe offrirait seulement une protection supplémentaire non négligeable, couplée à une hydratation en profondeur pour ces rudes mois d'hiver qui arrivent.