L'apparition d'une nouvelle souche "très préoccupante" qui "semble de 40 % à 70 % plus transmissible", selon Pr Peter Openshaw, immunologiste à l'Imperial College de Londres, a déclenché un vent de panique au Royaume-Uni, à quelques jours seulement du réveillon. Devant cette situation jugée "hors de contrôle" par le ministre de la Santé local Matt Hancock, le gouvernement britannique a pris la décision de reconfiner Londres et le sud-est de l'Angleterre.
"Il n'y a pas de données suggérant que [cette variante] a été importée de l'étranger, il est donc probable qu'elle ait évolué au Royaume-Uni", indiquait par ailleurs le professeur de génomique microbienne et de bio-information à l'Université de Birmingham Nick Loman, lors d'un briefing du Science Media Center le 15 décembre. D'après le spécialiste, elle aurait été repérée pour la première fois fin septembre.
De ce côté de la frontière, Emmanuel Macron a convoqué un Conseil de défense sanitaire exceptionnel, dimanche 20 décembre. En est notamment ressorti l'interdiction de voyage pour les personnes (ressortissant·e·s français·e·s ou non) en provenance de Grande-Bretagne, et ce, jusqu'au 23 décembre à minuit pour l'instant.
Une "décision difficile" qui concerne tous les déplacements de personnes, y compris liés aux transports de marchandises, par voie routière, aérienne, maritime ou ferroviaire, "mais qui s'imposait au regard de la circulation de cette variante du Covid-19", commentait à RTL le lundi 21 décembre au matin le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. "On doit avoir une vigilance et une précaution absolues dès lors qu'une mutation est présentée comme étant plus contagieuse".
Pour le ministre de la Santé et des Solidarités Olivier Véran, la prudence est indispensable. "Les scientifiques anglais se demandent si ce nouveau variant pourrait être plus contagieux que les autres, ils n'en ont pas de preuve, mais vous comprenez qu'on prenne toutes les décisions nécessaires", confiait-il le même jour à Europe 1.
"Les coronavirus mutent tout le temps et il n'est donc pas surprenant que des nouveaux variants du Sars-CoV-2 émergent", rappelle toutefois le professeur Julian Hiscox, de l'université de Liverpool. "Le plus important est de chercher à savoir si ce variant a des propriétés qui ont un impact sur la santé des humains, les diagnostics et les vaccins". A ce jour, que sait-on exactement de cette évolution ?
Les expert·e·s de l'Union européenne sont formel·le·s : "d'après tout ce que nous savons à l'heure qu'il est", cette nouvelle souche "n'a pas d'impact sur les vaccins" qui restent "tout aussi efficaces", assure le ministre de la Santé allemand Jens Spahn sur la chaîne de télévision publique ZDF. Olivier Véran souligne quant à lui que "les anticorps développés par les deux principaux vaccins qui arrivent ne ciblent pas cette zone mutée du virus. Donc, a priori, il n'y a pas de raison de penser que les vaccins seraient moins efficaces, ce sont quand même des bonnes nouvelles".
Idem pour l'efficacité des tests PCR, que le ministre de la Santé estime tout aussi performants, même si l'Organisation mondiale de la santé évoque que celle "de certaines méthodes de diagnostic" pourrait être moindre.
L'OMS alerte également sur le fait que cette "variante pourrait être plus contagieuse" sans pour autant n'avoir de preuve "d'un changement de la gravité de la maladie". Du côté des scientifiques britanniques, on affirme qu'il s'agit d'une "très mauvaise nouvelle", lâche le Pr John Edmunds, du London School of Hygiene & Tropical Medicine au Science Media Centre. "Il semble que ce virus est largement plus infectieux que la souche précédente".
Des propos qui corroborent la récente déclaration du Pr Jean-François Timsit, chef du service réanimation de l'hôpital Bichat, lundi 21 décembre sur LCI. "Le virus a muté et est capable de se multiplier plus facilement sur les cellules humaines", explique le spécialiste qui indique que "le politique va un peu plus vite que la science". Il y a donc effectivement une "peur en termes de contagiosité". En revanche, "la virulence est la même en termes de gravité pour les patients".
"Ces derniers jours, 500 souches virales ont été identifiées, analysées en génétique et ce variant n'a pas été retrouvé", précise le ministre de la Santé au micro d'Europe 1. Seulement, il poursuit, "cela ne veut pas dire qu'il ne circule pas." Et de conclure : "Il est possible que le virus circule en France".
Le ministre insiste également sur l'importance de ne pas relâcher les efforts. "En Angleterre, le virus circule beaucoup", ajoute-t-il. "La majorité des cas identifiés en séquençage dans le sud et l'est de l'Angleterre correspondent à ce variant. Donc là-bas on est à peu près sûr d'en trouver. Autant éviter, tant qu'on n'a pas toutes les informations sur ce variant, de faire circuler ou de favoriser la circulation de cette souche". Hors du territoire britannique, neuf cas ont pour l'instant été rapportés au Danemark, ainsi qu'un cas aux Pays-Bas et en Australie d'après l'OMS.
A l'aube des fêtes de fin d'années, alors que le nombre de cas positifs s'accroit en France sans que le gouvernement français n'ait encore décidé de durcir les restrictions en place, il est donc plus que jamais indispensable de respecter gestes barrières et mesures de sécurité.