Sa joie est rapidement devenue virale. Dans une vidéo publiée mi janvier sur TikTok et visionnée par plus de 1,4 millions d'internautes, Kira Robinson, 18 ans, livre un "unboxing" particulièrement émouvant. "Devinez quoi ? Devinez quoi ?", lance-t-elle à son audience. "J'ai enfin obtenu des pointes marron !". Etudiante en première année de ballet à l'université d'Oklahoma, c'est la première fois qu'elle met la main sur une paire adaptée à sa couleur de peau. "C'est tellement réjouissant car cela signifie que je n'ai plus besoin de 'pancake' mes chaussons. Ils sont déjà marron !"
Avant, poursuit-elle, et comme toutes les ballerines non-blanches, elle devait les recouvrir de fond de teint afin qu'il corresponde au sien. Une technique appelée "pancake" en anglais. "Regardez ça, regardez ça. C'est comme mon teint, c'est marron. J'ai hâte de les porter", poursuit la jeune fille. "Je ne peux pas vous dire à quel point c'est révolutionnaire".
Rapidement, ses abonné·e·s célèbrent eux et elles aussi cette avancée majeure. "C'est pour ça que la représentation est importante", commente l'un·e. D'autres profitent de l'occasion pour faire part de leur déception quant au temps qu'il faut aux femmes, et aux femmes noires et non-blanches, pour obtenir des choses qui pourraient paraître si anodines. "Je n'arrive pas à croire qu'il ait fallu autant de temps pour que ce produit existe, mais je suis si heureux qu'il existe enfin ! J'ai hâte de te voir danser avec !" Ce qu'elle n'a pas tardé à faire.
Interrogée parGood Morning America, Kira Robinson confie avoir "reçu beaucoup de messages" à la suite de cette séquence. Des mots qui soulignent pour la plupart "le fait que la représentation est super nécessaire dans le monde de la danse, et beaucoup de gens ne le voient pas". "Parfois, c'est frustrant et énervant", poursuit-elle, épinglant l'absence de diversité et de changements concrets dans sa discipline, "mais c'est comme ça. Le monde de la danse est lent à accepter les danseurs de couleur, et j'ai juste dû faire avec".
Selon la ballerine, si elle a pu enfin se procurer des pointes noires, c'est grâce au mouvement Black Lives Matter. "Beaucoup de personnes en avaient assez du manque d'efforts des compagnies pour diversifier leur marque et il a fallu énormément de temps pour voir ce changement", lance-t-elle. Et la mobilisation, dans la rue comme en ligne, a fini par payer.
"De nombreuses personnes ont signé et envoyé des pétitions aux marques de danse classique pour qu'elles créent plus de nuances dans leurs références, et Suffolk a été l'une de celles qui ont entendu notre appel et qui ont commencé à faire ces modifications". Une (r)évolution essentielle. Reste toutefois à ce qu'enfin, cette diversité de choix ne soit plus une exception.