Quand on parle de santé mentale et de grossesse, la conversation s'axe souvent autour de la dépression post-partum. Il existe toutefois un autre trouble moins connu mais tout aussi éprouvant pour les futures mamans : la dépression prénatale.
Selon une étude publiée en mai 2017 dans le British Journal of Psychiatry, plus de 20 % des femmes déclarent avoir éprouvé des sentiments d'anxiété comme des crises de panique, de l'agitation, de l'irritabilité et des pensées obsessionnelles pendant leur grossesse.
"Dès le jour où j'ai appris que j'étais enceinte, je me suis sentie comme une ratée parce que je ne ressentais pas cette excitation que tout le monde m'avait prédite. Toutes ces émotions négatives m'envahissaient - la peur, la panique, le choc et une grande quantité d'anxiété. C'était horrible", raconte Lauren, 22 ans, à l'édition anglaise Grazia.
Si les femmes qui présentent des antécédents d'anxiété et de dépression courent un risque accru de développer une anxiété prénatale, de nombreuses femmes développent toutefois pour la première fois une anxiété pendant et après la grossesse.
Comme le rappelle le site Santé Magazine, la détresse psychologique éprouvée au cours de la grossesse est précisément liée à un déséquilibre hormonal. À cela, s'ajoutent les symptômes éventuels ressentis pendant la période de grossesse comme les nausées, la fatigue. Et bien sûr, le stress de faire face à un bouleversement majeur de son existence.
Selon une étude américaine dévoilée en 2009, la dépression prénatale toucherait entre 10 et 16% de femmes enceintes. Les signes qui permettent de l'identifier varient beaucoup en fonction des femmes mais le plus souvent, se traduisent par de l'anxiété, une baisse de l'estime de soi, une irritabilité accrue ou une perte totale de motivation pour réaliser les tâches du quotidien.
Chez certaines femmes, cette dépression se poursuit après la naissance de l'enfant. Leur dépression post-partum a donc été déclenchée par une dépression anténatale non diagnostiquée. Souvent, ces femmes n'ont pas parlé de leur état ou, si elles l'ont fait, n'ont pas été prises au sérieux.
"L'attitude de mon médecin généraliste, de ma sage-femme, de mes amis et de ma famille était très positive : ne t'inquiète pas, tu t'en remettras'. 'Dès que vous tiendrez le bébé, tout ira bien. Mais ça n'a pas été le cas", raconte Lauren.
L'incompréhension des proches peut contribuer à accroître la sensation de solitude ressentie par la future maman. "Je pense que la dépression prénatale ne fait pas l'objet d'une telle discussion chez les femmes enceintes parce que les gens présument que vous devriez être heureuse et excitée d'avoir un bébé, et pas vous sentir faible. Alors qu'en réalité, vous pouvez très bien éprouver ces deux sentiments", explique Sophie King, sage-femme pour l'association anglaise Tommy's.
Tout comme les autres formes de dépression, la première des choses à faire pour guérir est d'en parler autour de soi : à ses proches, au personnel médical qui suit la grossesse... Et pourquoi pas à d'autres mamans, par l'intermédiaire d'associations ou de groupes sur les réseaux sociaux.