Robert Macia : Incroyable, un vrai miracle. Quand nous nous sommes rencontrés Sonia m’avait prévenu, elle ne pouvait pas avoir d’enfant. C’était très clair. Lorsqu’elle m’a annoncé cette nouvelle un immense bonheur m’a envahi. Tout de suite j’ai fait le calcul, quand j’aurai 70 ans, il en aura 20. Je me suis dit que nous allions accompagner cet enfant de tout notre amour le plus longtemps possible.
R.M. : Notre famille était très heureuse. Il faut dire que nos parents nous ont aussi eu assez âgés. Avec les amis c’était plus compliqué, ils n’avaient aucune envie de se replonger dans les couches et les biberons, il y a eu un décalage qui s’est installé peu à peu. Avec ce bébé, on s’est retrouvé confronté aux préjugés, c’est encore inhabituel des parents de notre âge. Il arrive que l’on nous prenne pour les grands parents. Avec Sonia, nous avions mis en place une stratégie tout simple quand Hippolyte était petit. À la boulangerie nous disions par exemple « tu écoutes maman ». Comme ça il n’y avait pas de malentendu. Les préjugés sont plus forts à l’égard des femmes. Un homme qui a un bébé c’est attendrissant, alors qu’une femme, cela renvoie à une certaine folie. Les gens pensent que ce ne sont pas des grossesses naturelles.
R.M. : Le retour à la maison n’est pas facile, il devrait exister des structures pour accompagner les parents dans notre situation. Le jeune couple peut compter sur sa famille, ses amis, qui peuvent lui donner des conseils. À notre âge, nos parents ne sont plus toujours là et s’ils le sont, ils n’ont pas vraiment la tête à nous expliquer comment mettre une couche. Quant aux amis, ils ont autre chose à faire. Nous n’avions personne à qui nous confier. Nous ne savions pas où trouver l’information, n’étions pas au courant des nouveautés. Et puis avec les jeunes parents de trente ans, on ne peut pas dire que le courant passe, la glace est difficile à rompre. Il a fallu apprendre, réapprendre. Pour Sonia qui n’avait jamais fréquenté d’enfants de près ou de loin, c’était tout neuf.
R.M. : Je ne suis pas le même avec Hippolyte que celui que j’ai pu être avec mes autres enfants. J’ai beaucoup de patience, je le regarde plus. À cinquante ans, vous êtes plus installé dans votre vie, dans votre boulot. Élever un enfant à la maturité, c’est avoir la chance de recommencer ce que vous avez peut-être raté plus jeune. Curieusement, nous avons l’impression que notre fils nous ménage. Il est très posé, contemplatif. C’est un enfant assez calme auquel on parle beaucoup. On lui trouve une maturité qui n’est peut-être pas sans relation avec le fait qu’on soit nous-même des parents plus mûrs.
R.M. : Ne pas hésiter. Avoir un bébé est un immense bonheur. Et même si c’est difficile physiquement au début, on a l’impression de rajeunir de jour en jour. Un bébé qui sourit et la journée démarre bien. Ne pas écouter ceux qui vous disent « vous allez être des parents vieux ». Il ne faut pas penser à cet argument. Avec l’espérance de vie qui s’allonge, on sera encore jeune à 80 ans. Ne pas paniquer car on reprend très vite une vie normale. Et enfin plus pratique : bien aménager son appartement avant l’arrivée du bébé. À 50 ans, on commence à avoir des habitudes de célibataire et cela se ressent dans l’appartement. Il faut faire le tri, se débarrasser de choses pour pouvoir au mieux accueillir l’enfant.
« Un bébé chez les quinquas », Sonia Dubois, Robert Macia. Éditions Flammarion
Crédit photo : Isabelle Franciosa/Flammarion. Robert Macia & Sonia Dubois
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