Enfin ! La dépénalisation de l'avortement a été adoptée ce 21 février par la Cour constitutionnelle colombienne - à cinq voix contre quatre. Un événement historique en Colombie. Plus précisément, l'IVG se voit dépénalisée "sans aucune condition" jusqu'à 24 semaines de grossesse. Dorénavant, les femmes qui avortent ne sont plus hors la loi.
Une évolution qui n'a vraiment rien d'anecdotique, d'autant plus dans un pays à grande majorité catholique pratiquante, comme le souligne Courrier International, rappelant que les peines de prison pour avortement pouvaient jadis s'étendre de 16 à 54 mois d'emprisonnement. Exceptions faites, dans le cadre de cette loi passée, en cas de viol, ou si la santé de la mère est en danger.
L'arrêt de la Cour constitutionnelle colombienne vient donc bousculer les lignes.
"Après le droit de vote, il s'agit de la décision historique la plus importante pour la vie, l'autonomie et le plein et égal épanouissement des femmes", s'est réjouie la maire de Bogota Claudia Lopez. La décision a également été applaudie par les collectifs féministes nationaux, ainsi que les centaines de manifestants pro-avortement réunis devant la Cour constitutionnelle, écharpe verte brandie, le jour du vote, comme le relate Le Monde.
La Colombie devient ainsi le cinquième pays d'Amérique latine à assouplir les conditions d'accès à l'avortement, après l'Argentine, l'Uruguay, à Cuba et Guyana. Mais les mentalités peinent encore à évoluer. Le président colombien Ivan Duque a ainsi réagi : "C'est une décision qui concerne l'ensemble de la société colombienne et cinq personnes ne peuvent proposer à la nation quelque chose d'aussi atroce que de permettre l'interruption d'une vie jusqu'à six mois de gestation".
Preuve en est que le droit à l'avortement demeure une lutte de longue haleine.
Il revient maintenant aux législateurs d'adapter le Code pénal suite à la décision de la Cour constitutionnelle. "Il va falloir que le Congrès mène un débat sérieux, démocratique, argumenté, pacifique pour prendre les meilleures décisions", écrit le quotidien El Tiempo, comme le relaie Courrier international. Alors que des élections à la Chambre des députés et au Sénat auront lieu le 13 mars prochain, puis l'élection présidentielle le 29 mai, il y a fort à parier que la question de l'avortement s'invitera dans les débats.