Société
"Je me sentais emprisonnée" : mariée à 16 ans, Edna raconte son calvaire
Publié le 11 octobre 2022 à 12:58
Par Maïlis Rey-Bethbeder | Rédactrice
Maïlis Rey-Bethbeder aime écrire, le café, traîner sur les réseaux sociaux et écouter de la musique. Sa mission : mettre en lumière les profils, les engagements et les débats qui agitent notre société.
Ce mardi 11 octobre marque la Journée internationale des droits des filles. Harcelées, excisées et mariées sans leur consentement, les filles sont victimes de violences partout dans le monde. Edna, jeune Zambienne mariée de force par ses grands-parents à 16 ans, a réussi à fuir son cauchemar. Elle raconte son histoire à Terrafemina.
"Je me sentais emprisonnée" : mariée à 16 ans, Edna raconte son calvaire
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Edna a aujourd'hui 19 ans. Et il y a trois ans, cette jeune Zambienne a été déscolarisée et mariée de force par ses grands-parents à l'âge de 16 ans, à un homme de 31 ans. En Zambie, pays du sud de l'Afrique, une fille sur trois connaît le même sort avant ses 18 ans. 12 millions de filles sont mariées chaque année dans le monde, soit une toutes les deux secondes.

Edna, battue et violée par son mari, a réussi à fuir cet enfer au bout de six mois, échappant de justesse à une grossesse précoce. Elle ne cesse depuis de raconter son calvaire aux côtés de l'ONG Plan international. Son objectif ? Que les droits de toutes les filles soient enfin respectés. Aujourd'hui, elle témoigne auprès de Terrafemina.

Terrafemina : Dans quel contexte as-tu grandi ?

Edna : Je viens d'une famille très pauvre de cinq enfants- trois filles et deux garçons. Nous devions nous battre pour satisfaire des besoins basiques. J'ai vendu des fruits pour aider ma famille et gagner un peu d'argent dès l'âge de sept ans. Ce sont mes grands-parents qui m'ont élevée dans le district de Vubwi dans l'Est de la Zambie. On ne m'a jamais dit où étaient passés mes parents.

Lorsque j'ai eu 16 ans, mes grands-parents ont arrangé un mariage pour moi avec un homme de 31 ans, parce que c'était la norme, cela faisait partie de notre culture et de notre tradition.

Quand as-tu réalisé ce qui t'attendait ?

E. : Je n'ai pas été informée de la situation ou préparée mentalement à l'idée d'être mariée. Un jour, je suis rentrée de l'école et j'ai trouvé mon futur mari qui m'attendait. On m'a dit que j'allais arrêter l'école immédiatement, on ne m'a pas laissé le choix...

Qu'as-tu ressenti les jours qui ont suivi ?

E. : Il n'y a pas eu de cérémonie de mariage. J'ai été forcée de quitter la maison de mes grands-parents. J'étais misérable... L'homme à qui j'étais mariée était violent, il m'a frappée et m'a fait travailler car il ne fournissait pas les besoins de base. J'ai donc dû me débrouiller seule. J'ai perdu ma liberté et ma tranquillité d'esprit, je me sentais emprisonnée.

Edna Banda se bat en Zambie pour informer les filles sur leurs droits et éviter les mariages forcés © Plan international
Comment as-tu pu sortir de cette situation ?

E. : La situation empirait jour après jour, je me suis donc enfuie du domicile conjugal. J'ai rencontré une étrangère qui m'a présenté l'ONG Plan International. J'ai intégré le programme Champions of change [actif dans 41 pays, il vise à faire progresser l'égalité des sexes grâce à l'engagement des jeunes- ndlr] et j'ai ainsi appris beaucoup sur les conséquences des mariages d'enfants. J'ai pu retourner à l'école et obtenir mon diplôme d'études secondaires, j'espère devenir médecin un jour. Je suis toujours en contact avec ma famille, j'ai aussi retrouvé mes parents après l'obtention de mon diplôme.

Pourquoi est-ce aussi important pour toi d'en parler ?

E. : Beaucoup de filles traversent ce que j'ai traversé partout dans le monde. En témoignant, je les aide à prendre confiance en elles, je leur donne des informations sur leurs droits, afin qu'elles puissent choisir de quitter ces mariages abusifs dans lesquelles elles sont, par manque d'informations. Je travaille sans relâche pour faire prendre conscience aux filles, mais aussi aux parents responsables de ces mariages forcés que l'avenir est féminin et que les enfants sont les dirigeants de demain.

Mots clés
Société Monde filles violences sexuelles News essentielles Droits des enfants afrique
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