Julia Roubaud : Je suis tombée par hasard dans le web. J’ai travaillé en agence, en tant que consultante médias sociaux et influence. J’étais donc chargée de mener des campagnes d’influence auprès des blogueurs, j’aime cette frange de la communication très proche des gens. J’ai découvert le web communautaire, et j’ai trouvé passionnant d’essayer de capter l’attention des personnes pour qu’elles s’approprient votre idée, votre produit ou votre évènement. L’arrivée des réseaux sociaux a bouleversé les méthodes, il a fallu intégrer ces carrefours d’audience. Je suis entrée chez Sociabliz, une agence de conseil en stratégie digitale spécialisée dans Facebook, puis je me suis associée avec eux pour créer Envouthé.
J. R. : Je pense que le digital a considérablement changé la façon dont on travaille en équipe, et la façon dont on accède à l’information. Pour la marque que j’ai créée, la page Facebook et le site sont comme d'immenses focus groupes. Je peux connaître les attentes des clients en live et en permanence, pour un entrepreneur c’est un appui pour affiner au quotidien. Tous les jeunes entrepreneurs aujourd’hui conçoivent leur business en pensant aux réseaux sociaux et à l’impact que cela peut avoir, c’est une donnée importante.
J. R. : Le community management est un métier difficile. Les liens créés sur Facebook, Twitter, Instagram ou Pinterest ne sont pas du tout factices. En tant que marque on est autant en « pull » qu’en « push », je veux dire que nous sommes autant dans la sollicitation que sollicités par nos clients. De fait, il faut parfois répondre à 60 tweets par jour, c’est très chronophage, et quand on est seule comme moi c’est un risque de perte de temps et d’énergie.
J. R. : Le digital crée un stress évidemment, on vit sous le diktat du temps réel. Je ne peux pas passer ma journée devant les réseaux sociaux, il faut accepter de ne pas répondre immédiatement à toutes les demandes, je lutte contre ces obligations qu’on s’impose à nous-mêmes. Il faut relativiser et savoir décrocher même si ma communauté est très attachante… Au sein d’une entreprise, je pense que tout est question de management, et de culture d’entreprise. Il serait trop facile de remettre la responsabilité sur les outils. On peut décider d’éteindre son téléphone à 20h30… En revanche je suis plus sceptique sur l’impact du digital sur la rapidité du travail (71% des actifs estiment que le digital permet de travailler plus rapidement, ndlr) : le travail est haché, morcelé, car sans cesse interrompu par une sollicitation. Je pense que cela a un impact fort sur la concentration, comme l’ont souligné les personnes interrogées dans votre enquête (50% des actifs estiment que le digital a un impact négatif sur la concentration, ndlr).
J. R. : Pour moi, c’est le cas ! Je suis entourée de jeunes créateurs et créatrices de start-ups, il y a une vraie énergie dans ce secteur, on est stimulé en permanence par le réseau, et il y a de nombreux talents. S’il est vrai que je vois moins de femmes que d’hommes, je ne vois aucune condescendance dans ce milieu vis-à-vis des femmes. J’appartiens au réseau Girlz in web, mais il ne s’agit pas du tout d’un groupe sectariste, d’ailleurs il y a beaucoup d’hommes qui assistent aux workshops ; parce qu’ils sont très intéressants. C’est un bon moyen de créer une solidarité entre les femmes qui veulent se lancer et qui ont besoin de prendre confiance.
*Sondage exclusif CSA / ORANGE / TERRAFEMINA réalisé en ligne du 12 au 14 février. Echantillon national représentatif de 803 personnes actives occupées et âgées de 18 ans et plus, constitué d'après la méthode des quotas (sexe, âge, profession du répondant), après stratification par région et catégorie d’agglomération.
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