C'est un fait historique des plus insolites. Trois siècles après sa condamnation injustifiée, Elizabeth Johnson, la dernière "sorcière de Salem", a enfin obtenu grace auprès de la cour générale du Massachussetts. Elizabeth Johnson avait été condamnée pour "sorcellerie" en 1692 lors de la fameuse "chasse aux sorcières".
Elle fut l'une des nombreuses victimes de violences patriarcales inouïes perpétuées sans état d'âme. Comme le rappelle franceinfo, cette grâce n'aurait pu avoir lieu sans Carrie La Pierre, professeure d'éducation civique dans un collège local, qui avait demandé l'an dernier à ses élèves de quatrième de faire la liste des condamnés de Salem, travail de groupe qui a abouti à retrouver, dans les archives, le nom d'Elizabeth Johnson.
Les jeunes étudiants ont ensuite écrit à des députés ainsi qu'aux juges de l'état afin de défendre la réhabilitation de cette victime oubliée des siècles durant, finalement graciée... 330 ans plus tard.
De nombreuses oeuvres, comme le film La chasse aux sorcières avec Winona Ryder (d'après la pièce d'Arthur Miller), mais également l'essai féministe de Mona Chollet, Sorcières : la puissance invaincue des femmes, reviennent sur la persécution, torture et condamnation massive à la fin du dix-septième siècle des femmes de Salem (ville américaine située dans le comté d'Essex, dans le Massachusetts).
Cette grâce se fait la continuation de décisions analogues. En janvier dernier, le Parlement écossais, avec l'appui de la Première ministre Nicola Sturgeon, faisait ainsi passer une loi proposée par les militantes du collectif Witches of Scotland et visant à gracier les 3 837 prétendues "sorcières" assassinées entre 1563 et 1736 en Ecosse, dont 84 % de femmes. A l'unisson, le Parlement régional catalan, le 26 janvier dernier, votait une loi visant à réparer la mémoire des plus de 800 femmes accusées de "sorcellerie" entre le 15e et le 17e siècle.
De Salem à la Catalogne, ces réhabilitations sont bien souvent le fruit des luttes des jeunes générations et/ou des militantes féministes, engagées pour que ces phénomènes de persécution misogyne ne soient pas oubliés.