Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, n’a pas eu d’autre choix que de revenir sur la circulaire très controversée du 31 mai 2011 qui prévoyait un durcissement des conditions de délivrance des titres de séjour pour les étudiants étrangers. C’est ce qu’indique un communiqué ministériel : « Les ministres ont décidé d'adresser aux préfets dès la semaine prochaine une circulaire complémentaire, donnant les orientations applicables à la situation spécifique des diplômés étrangers hautement qualifiés, de niveau au moins égal au master 2, qui souhaitent acquérir en France une première expérience professionnelle ». Le texte, élaboré à l’issue d’une réunion avec les représentants des universités et des grandes écoles, n’a pas été rendu public pour l’heure. Il sera envoyé dès la semaine prochaine aux préfets, tout comme l’avait été la circulaire d’origine qui leur ordonnait « rigueur » et « contrôle approfondi » dans l’instruction des demandes d’autorisation de travail des étudiants étrangers.
La fin de situations ubuesques ?
« Des élus et des présidents d’universités et de grandes écoles ont signalé des cas d’étrangers récemment diplômés qui n’ont pas obtenu le titre de séjour leur permettant de travailler dans notre pays », reconnaît le communiqué. Laurent Wauquiez, ministre de l’Enseignement supérieur, évaluait fin novembre à 500 le nombre d’étudiants fraîchement diplômés contraints de refuser un CDI dans une entreprise hexagonale faute du renouvellement de leur titre de séjour. Le collectif 31 mai parle, lui, de 1 000 cas. Le ministre a rappelé mercredi matin sur RTL l'intérêt pour une entreprise française de recruter un diplômé étranger, « venu étudier chez nous, qui connaît bien ce pays », « ça peut l’aider à développer sa compétitivité et percer » sur les marchés émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. Le gouvernement recherche l’équilibre entre maîtrise de l’immigration professionnelle et compétitivité de l’économie française. Le communiqué souligne que cet encadrement ne doit pas se faire « au détriment de l’attractivité du système d’enseignement supérieur, ni des besoins de certaines de nos entreprises en compétences spécifiques de haut niveau ».
Pas de remise en cause de la politique globale sur l’immigration professionnelle. La nouvelle circulaire ne concernera que le statut des étudiants étrangers, contrairement au texte d’origine. De nouveaux critères apparaissent dans l’appréciation du statut des hauts diplômés (possédant au moins un Master 2) : les préfets prendront en compte « la connaissance d’un pays ou d’une culture étrangère » par des étudiants qui pourront en faire profiter les entreprises pour conquérir un nouveau marché. La nouvelle copie de Claude Guéant ne satisfait pas l’Unef, première organisation étudiante, ni le député PS Alain Claeys, chargé de l’enseignement supérieur dans l’équipe de François Hollande.
Élodie Vergelati
Crédit photo : Digital Vision
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