Ce n'est pas la révélation du siècle, mais ce n'en est pas moins inquiétant : les étudiantes souffrent du sexisme. L'an dernier, un rapport du Défenseur des droits puisant dans les réponses de plus de 2000 questionnaires nous assurait ainsi que 20% des étudiantes seraient victimes d'outrages sexistes : gestes obscènes, exhibitionnisme, voyeurisme, agressions sexuelles...
Un sombre état des lieux guère apaisé par les plus récentes données du baromètre publié par l'Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes le 11 avril dernier. Selon ce rapport recueillant les voix de plus de 10 000 étudiants, 54% des sondés ne se sentiraient pas en sécurité dans leur facs. A ce titre, 43% des étudiants estiment que leur établissement "ne fait pas assez" dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles...
Alarmant.
Mais ce n'est pas tout.
Plus d'un quart des étudiant·es (27%) déclarent avoir été victimes d'au moins un fait de violence sexiste ou sexuelle. 1 étudiant·e sur 20 déclare avoir déjà été victime de harcèlement sexuel. 17% des étudiant·es ont déjà été témoins d'exhibition sexuelle, et 20% d'injures LGBTQIA+phobes. Car ce sont les femmes, mais aussi les personnes homosexuelles et transgenres qui sont principalement menacées.
Violences qui concernent les facs, mais aussi les écoles de commerce : 1 étudiant·e sur 10 a été victime d'agression sexuelle en école de commerce. Plus de 2 étudiant·es sur 3 victimes ou témoins d'au moins une violence étudiaient dans une école de commerce (72%). 16% des viols rapportés ont eu lieu durant les événements d'intégration.
Mais ce sont des violences globales que ce baromètre désigne...
"Ces violences sont systémiques : elles se perpétuent aussi bien lors des événements festifs que durant la vie quotidienne des étudiant·es et elles s'étendent à tout type d'établissement, public comme privé. Elles sont commises par d'autres étudiant·es, mais aussi par des enseignant·es et des membres du personnel", s'alarme à ce titre le baromètre 2023 de l'Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes.
Tout cela exige d'alerter, certes, mais aussi d'agir. Présidente de l'Observatoire, Iris Maréchal insiste d'ailleurs largement sur ce point : "La 'libération de la parole' est un mirage : visibiliser un problème n'équivaut pas à le résoudre. Ce dont on a besoin maintenant, c'est d'une libération de l'écoute et de moyens réellement à la hauteur des enjeux".
"Il faut que les ministères déploient des moyens financiers et politiques conséquents, que des dispositifs d'accompagnement et de gestion de faits de violence existent dans tous les établissements, que les auteurs soient sanctionnés et que les victimes soient protégées. Ce n'est qu'à ce prix que l'on permettra à tou·tes les étudiant·es d'être en sécurité sur leur lieu d'études".
Un appel sur lequel insiste les associations féministes depuis des années déjà.
Jusqu'à quand ?