"Les ajustements qui peuvent rendre les vêtements accessibles aux personnes handicapées ne sont pas énormes, mais les créateurs ne semblent pas y penser car ils ne pensent pas à leurs clients handicapés lorsqu'ils créent". Dans les pages du magazine Stylist, la Britannique Lauren Nathan-Lane, 29 ans, a témoigné de son vécu de mannequin handicapée au sein d'une sphère pas vraiment inclusive, celle de la mode.
"En termes de handicap, nous avons toutes et tous des besoins différents en matière de vêtements, concernant la manière dont nous avons besoin que nos vêtements s'adaptent", explique Lauren Nathan-Lane, en cette période de Fashion Week. Des besoins qu'elle dit peu satisfaisants dans l'industrie de la mode, elle qui navigue dans ce milieu en tant que mannequin depuis 2018.
Pour Lauren Nathan-Lane, il y a un manque flagrant de considération pour les mannequins porteuses de handicap. "Je me demande combien de créateurs de la Fashion Week de Londres ont déjà parlé à une personne handicapée de ses différents besoins". Une question rhétorique, on l'imagine.
"En 2018, je n'observais pas une grande représentation des jeunes mannequins handicapés", poursuit la jeune femme dans les pages du magazine. "Lorsque vous êtes une personne handicapée, vous vous habituez à ce que les gens vous disent des choses étranges, qu'ils vous demandent ce qui vous est arrivée parce que vous êtes une jeune femme en fauteuil roulant. Et parfois, vous obtenez des emplois sans savoir si vous êtes juste 'l'embauche de la diversité', juste là pour cocher une case", développe Lauren Nathan-Lane dans son billet d'humeur.
Face à ces constats plutôt amers, la mannequin observe cependant quelques changements notables, comme le cas de Harriet Eccleston, créatrice de la première collection conçue spécifiquement pour les utilisatrices de fauteuils roulants, présentée à la Fashion Week de Londres. Ou le travail de Zebedee Management, une agence "qui représente les personnes handicapées et les talents trans et non-binaires".
Mais elle désire que la situation évolue davantage désormais. "La prochaine étape doit également être de nommer plus de personnes handicapées en coulisses : photographes, maquilleurs, coiffeurs. Nous voulons voir plus de personnes handicapées occuper ces emplois", développe l'autrice, qui souhaiterait aussi que la mise en avant de mannequins handicapées ne se limite pas à "des coups de pub".
"J'ai adoré regarder les défilés de la Fashion Week de Londres cette saison, mais le manque de représentation des personnes handicapées est si frappant. Il n'y a aucune mannequin handicapée sur les podiums, et ce n'est pas normal. J'aime la mode, je mérite de me voir représentée."
L'idée ? "Parvenir à un endroit où nous serions égaux et sur le même terrain de jeu que tous les autres modèles".