Presque un mois après son interpellation, Cécile Bourgeon a été à nouveau entendue, ce mardi après-midi, par les juges d'instruction au palais de justice de Clermont-Ferrand. Jusqu'ici mise en examen pour quatre délits, dont « recel de cadavre » et non-assistance à personne en danger », Cécile Bourgeon a vu, à l'issue de son audition, les charges qui pesaient contre elle s'alourdir. Les juges d'instruction ont en effet suivi les recommandations du procureur de la République Pierre Sennès, et mis en examen la jeune femme pour « coups mortels aggravés ». Comme son compagnon Berkane Makhlouf, la jeune femme est désormais passible de trente ans de réclusion criminelle.
Entendue durant trois heures par les juges d'instruction, qui ont notamment évoqué les accusations de coups dont l'accuse Berkane Makhlouf, Cécile Bourgeon a, selon son avocat Me Gilles-Jean Portejoie, maintenu sa version des faits : elle affirme que son compagnon aurait, la nuit de la mort de Fiona, frappé violemment la fillette, lui occasionnant une blessure à l'œil. A plusieurs reprises, la jeune femme a accusé Berkane Makhlouf de les avoir martyrisées, elles et ses deux filles, insistant sur le tempérament violent et incontrôlable de son compagnon.
Une version des faits que récuse Makhlouf. Selon lui, Cécile Bourgeon aurait donné à Fiona « deux coups de pied au ventre » et « deux coups à la tête » le soir de sa mort. Toutefois, insiste-t-il, Fiona ne serait pas morte sous les coups de sa mère, mais étouffée dans son vomi, ou après avoir pris du Subutex, un produit de substitution. Une confrontation entre les deux concubins est prévue pour la mi-novembre.
À l'issue de la confrontation de Cécile Bourgeon, Me Portejoie a fait savoir qu'il allait déposer un recours en annulation devant la chambre d'instruction de la cour d'appel de Riom, précisant qu'il n'y avait « pas d'autres éléments que les accusations de Makhlouf ».
De son côté, le procureur Pierre Sennès s'est dit satisfait de cette décision « cohérente » des juges d'instruction. « Leurs statuts juridiques sont alignés l'un sur l'autre […] puisqu'ils portent des accusations réciproques », a-t-il déclaré mardi en conférence de presse. D'autant que de nouveaux éléments sont désormais à disposition des enquêteurs. « Nous savons maintenant qu'en début de semaine, Fiona était déjà blessée. Elle avait un important hématome sur la partie gauche de la tête au niveau de la tempe. Ça veut donc dire que le samedi, jour où des coups auraient pu être portés, soit par Madame Bourgeon soit par Monsieur Makhlouf selon la déclaration de l'un ou de l'autre, nous avions déjà un enfant qui avait déjà été blessé depuis le début de la semaine et qui était dans un état de santé précaire », a annoncé Pierre Sennès.
L'objectif, à présent, a précisé le procureur, est de retrouver le corps de Fiona « pour les nécessités de l'enquête mais aussi pour [lui] offrir une sépulture décente ». Toutefois, « nous n'avons pas la possibilité de lancer de nouvelles recherches », a indiqué Pierre Sennès, Cécile Bourgeon n'ayant pas apporté au cours de son audition de nouveaux éléments qui permettraient de localiser le corps de la fillette.