Un détail qui n'en est pas un. Lors d'une interview donnée en visio à la chaîne locale TV2, le défenseur central du SK Brann, Vegard Forren, est apparu devant un mur de maillots et de T-shirts colorés accrochés dans le club. Parmi eux, un vêtement jaune, sur lequel on peut lire : "Le football féminin, qu'est-ce donc ? Ce n'est ni du football, ni féminin." Quelques mots qui ont déclenché un tollé colossal, et pour cause : le caractère clairement misogyne qu'ils dégagent passe mal.
"Certainement que c'était une petite blague innocente, mais ce n'est pas drôle", fustige la joueuse Ingrid Ryland qui évolue au poste d'arrière-droit au Il Sandviken et dans l'équipe nationale de Norvège. "Il n'a pas d'excuse. Il ne peut pas afficher ce genre de chose sur les murs d'un des plus grands clubs de Norvège".
Pour le directeur exécutif du SK Brann Vibeke Johannesen, cette situation comme les propos du T-shirt sont "incroyablement honteux ! Jamais je n'ai autant eu honte que lorsque j'ai vu ce maillot ! Je me suis dit: 'Comment est-ce possible ?' Quoiqu'il en soit, j'ai fait en sorte qu'on le décroche du mur."
Une initiative nécessaire, qui ne suffira malheureusement pas à soigner la discipline du sexisme qui la gangrène. "Ça en dit long sur certains comportements qui persistent", déplore en ce sens Ingrid Ryland. Pourtant, il y a presque deux ans, au moment de la Coupe du monde féminine de foot, l'espoir d'un changement essentiel faisait briller les yeux des équipes et de leurs fans.
La Norvège, pays de la ballon d'or Ada Hegerberg, avait même réussi, grâce à la mobilisation de ses joueuses, à instaurer dès 2017 l'égalité salariale pour les internationaux et les internationales lorsqu'ils·elles se rendraient en sélection. Une avancée majeure qui avait fait du bruit - et pavé la voie d'une véritable (r)évolution féministe dans le milieu.
Seulement, à en croire le scandale du T-shirt et les commentaires d'Ingrid Ryland, la réalité est encore toute autre. "L'égalité des genres n'est pas prise au sérieux", condamne la sportive de 33 ans. Et d'épingler un club qui tente de se dédouaner tant bien que mal des actes de ses joueurs : "Le fait que Brann n'ait pas d'équipe féminine n'améliore pas les choses". Un reproche fondé qui, on l'espère, résonnera comme une suggestion aux oreilles des responsables.