Livres
Françoise Bourdin pour Les Restos du Coeur : "L'élan de solidarité m'a séduite"
Publié le 22 novembre 2017 à 18:26
Par Terrafemina
Treize auteurs, parmi lesquels Françoise Bourdin, Michel Bussi et Leïla Slimani, se sont engagés auprès des Restos du Coeur en publiant la quatrième édition de "13 à table!". Un recueil de nouvelles vendu 5 euros, qui a permis de distribuer 2,7 millions de repas chauds aux plus démunis au cours des dernières années. Nous avons rencontré l'auteure Françoise Bourdin qui participe au projet depuis le début.
Françoise Bourdin pose pour Terrafemina avec le livre "13 à table!". Françoise Bourdin pose pour Terrafemina avec le livre "13 à table!".© Terrafemina
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Une poignée d'auteurs s'est engagée pour la quatrième année consécutive auprès des Restos du Coeur en publiant un combo de nouvelles dans l'édition 2017 de 13 à table!. Françoise Bourdin, Michel Bussi, Maxime Chattam, Adelaïde de Clermont-Tonnerre, François d'Epenoux, Eric Giacometti, Karine Giebel, Christian Jacq, Alexandra Lapierre, Marcus Malte, Agnès Martin-Lugnand, Romain Puértolas, Jacques Ravenne et Leïla Slimani se sont unis d'une même plume pour parler d'amitié et aider les plus démunis. Car pour chaque livre vendu (5 euros), quatre repas sont distribués aux bénéficiaires des Restos du Coeur. Au total, les trois précédentes éditions ont permis de distribuer 2,7 millions de repas. Ce nouvel exemplaire sorti le 2 novembre 2017 aux éditions Pocket a déjà offert plus de 100 000 repas chauds.

Photo de couverture de "13 à table!". © DR Pocket

Une initiative solidaire dont nous parle Françoise Bourdin. Auteure d'une quarantaine de romans depuis 1994, elle est l'une des écrivaines les plus lues et appréciées des Français avec 8 millions de livres vendus. Et elle participe au projet depuis la première édition. "La première année, cet élan de solidarité m'a séduite, nous explique-t-elle enfoncée dans le fauteuil en cuir d'une brasserie parisienne. Nous les auteurs, tout seuls dans notre coin ne pouvons rien faire, à part faire un don ponctuel et personnel aux Restos du Coeur. Là, nous sentions que nous pouvions apporter une aide significative. Moi, c'était ma motivation de départ. Et les gens ont joué le jeu, le premier 13 à table! était partout. C'était formidable. Alors quand Pocket a décidé de pérenniser l'opération, j'ai choisi d'en être".

Votre nouvelle "Tant d'amitié" se passe dans une brasserie. Est-ce un clin d'oeil au concept du livre qui est d'offrir des repas ?

Oui, l'idée m'amusait. Je trouvais également drôle d'écrire une nouvelle très conventionnelle et que tout bascule à la dernière phrase.

Comment choisissez-vous l'angle de vos nouvelles pour les Restos du Coeur ?

Je ne choisis aucun angle. Chaque année, nous avons un thème. Ici, c'était l'amitié. J'écris une nouvelle exactement de la même façon que si je décidais d'écrire un recueil de nouvelles pour mon éditeur habituel. Je ne pense jamais aux lecteurs. Je ne pense pas qu'il faille écrire de telle ou telle manière pour plaire, je me fais plaisir. Parce que je suis persuadée que si je me fais plaisir à moi, les lecteurs pourront également y trouver du plaisir.

Savez-vous lorsque vous en commencez la rédaction, quelle tournure prendra l'histoire et comment elle se terminera ?

Sur une nouvelle comme celle de 13 à table !, je suis obligée de le savoir. C'est très court, il faut savoir où l'on va. En revanche, pour un roman, pas toujours. J'ai l'idée de départ mais je ne sais pas toujours où je vais. Pour mon dernier roman Le Choix des autres par exemple, jusqu'aux deux tiers du livre, je ne savais pas comment il finirait. Je me suis laissée porter par les personnages, par leurs disputes. Je m'abandonne à l'histoire. Je me fais plaisir. Seule dans mon bureau de romancière, je fais ce que je veux (rires).

Connaissez-vous l'angoisse de la page blanche ?

Non. Quand je n'ai pas envie d'écrire, je n'appelle pas ça le syndrome de la page blanche. J'accepte les moments pendant lesquels je ne suis pas inspirée et vais me promener avec mes chiens en forêt. J'ai un lâcher prise total. Si vous vous infligez d'écrire trois pages par jour, elles seront mauvaises.

Aviez-vous déjà cette liberté au début de votre carrière ?

Non, parce qu'au début de sa carrière, on se met la pression, on veut réussir, trouver un lectorat. Une fois que vous l'avez et que votre éditeur vous fait confiance, c'est la liberté totale. Je ne signe plus de synopsis (Françoise Bourdin avait par exemple signé le scénario de Terre Indigo pour la télé- ndlr). Lorsque je signe le contrat de mon prochain livre avec mon éditeur, nous en parlons deux minutes et mettons n'importe quel titre provisoire. Ça prend du temps de connaître ses limites et d'être sûre de soi. Je peux difficilement le quantifier, mais il faut au moins cinq premiers romans. Le fait que votre éditeur vous fasse confiance et que les chiffres soient bons vous y aident. Au début, nous avons très peu de presse, il n'y a que le bouche à oreille et lorsque les gens parlent de votre livre, c'est très valorisant.

A quoi ressemble le quotidien de l'une des auteures françaises les plus lues ?

J'écris environ deux à trois heures par jour du lundi au dimanche, sauf lorsque j'ai mes petits-enfants. Je ne pars jamais en vacances, je n'aime pas ça. J'ai l'impression de perdre le fil de mon histoire lorsque je m'absente huit jours. J'aime chaque matin, ouvrir mon ordinateur et reprendre où j'en étais la veille. Egalement, parce que j'ai deux chiens que je ne peux abandonner. Et j'ai une propriété de rêve que j'ai achetée avec mes droits d'auteure. Je me plais tellement chez moi, que je me dis que je ne serai pas mieux ailleurs. Il y a toujours à faire. La forêt se trouve au bout du jardin. Je fais aussi de l'agility avec mes chiens et du tir.

Quel regard portez-vous sur votre carrière ?

Je n'aurais pas osé en rêver. Quand j'ai passé mon premier million de livres, je ne voulais pas y croire. Parfois, aujourd'hui encore, ça me surprend. Quand je vois que je suis depuis des années parmi les auteurs qui vendent le plus en France, ça me surprend. Sûrement parce que je ne suis pas médiatisée. J'ai toujours l'impression qu'à part mon lectorat, peu de gens me connaissent. Et ça me fait toujours drôle de me dire que j'ai vendu tous ces livres.

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