Le 22 juillet 2020, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), rattachée au ministère des Solidarités, dévoilait une réalité glaçante : 7,3 % des personnes en situation de handicap âgées de 18 à 64 ans assurent avoir subi des violences physiques et/ou sexuelles. Chez celles et ceux qui ne déclarent pas de handicap, ce chiffre passe à 5,1 %. Un écart de plus de deux points effrayant, qui se creuse davantage encore lorsque l'on compare les femmes entre elles.
Ainsi, 9 % des femmes handicapées ont été victimes de violences physiques et/ou sexuelles durant les deux dernières années, contre 5,8 % des femmes valides. 3,2 points de plus qui, lorsque l'on met en parallèle les femmes de mêmes caractéristiques socio-démographiques et habitats, grimpe à 4,6 points. Quel que soit leur genre, les personnes handicapées sont également deux fois plus nombreuses à avoir été agressées dans leur propre logement (17 % contre 8 %), rapporte l'étude.
Plus généralement, l'ONU estime à 4 sur 5 le nombre de femmes handicapées qui subissent des violences physiques, psychologiques, institutionnelles, alimentaires, médicales, médicamenteuses, ou sexuelles.
Afin de permettre aux victimes, mais aussi aux aidant·e·s et aux proches, de se renseigner facilement sur les recours judiciaires (seules un quart porte plainte), les organismes à contacter en cas d'urgence ou encore de trouver une écoute et un soutien essentiels, l'association Femmes pour le dire, Femmes pour agir a mis au point un tout nouveau site, ecoute-violences-femmes-handicapées.fr (EVFH), cinq ans après avoir créé le premier numéro du même nom dédié aux femmes handicapées victimes de violence, le 01 40 47 06 06.
Une plateforme lancée à l'occasion de la Journée internationale de l'élimination des violences à l'égard des femmes, le 25 novembre, et conçue grâce à l'expertise de FDFA, "pour que les violences faites aux femmes handicapées ne restent pas un angle mort des violences sexistes et sexuelles", explique l'organisation.
Ce lieu digital "accessible à 90 %" dispose notamment de dictée et de synthèse vocales, de caractères agrandis et de changement de contraste, pour faciliter la navigation des personnes malvoyantes, d'une police spécifiques pour les visiteur·se·s dyslexiques, ou de supports adaptés (FALC) pour les personnes en situation de handicap mental. Autre outil indispensable : un bouton "Quitter le site rapidement" qui permet, en plus de fermer la page immédiatement, d'effacer l'historique.
Et puis, il y a aussi des informations sur les ateliers organisés par FDFA. Des séances d'écriture, de photographie, de peinture, de dessin, qui "permettent aux participantes d'échanger et de créer mais aussi de développer leurs potentialités en gagnant en estime d'elles-mêmes", détaille Isabelle Dumont, chargée de mission communication pour FDFA, au site d'actualité Faire Face. Et donc de se sentir plus forte pour demander de l'aide.
En janvier 2020, le Sénat adoptait une résolution pour "dénoncer et agir contre les violences faites aux femmes en situation de handicap ". Pour la militante, il ne faut surtout pas s'arrêter en si bon chemin. "Ce sont les prémices d'une prise de conscience", concède celle qui déplore que les violences subies par les femmes en situation de handicap "restent un angle mort des politiques publiques". "Mais il faut passer des intentions aux actes. Et donner aux femmes victimes la possibilité d'agir."