Antoine de Gabrielli, fondateur de l'association « Mercredi-c-papa » en est persuadé depuis longtemps : l’égalité professionnelle passera par les hommes. « Pour nous, ce n’est pas l’un des leviers mais le levier principal ». Et pour preuve, Antoine de Gabrielli cite une étude de l’APEC publiée en 2008. Elle montre en effet que pour 54% des femmes cadres, le premier frein à leur carrière est lié... aux préjugés des hommes ! Suivis par le présentéisme (49%) et la maternité (38%)…
C’est sur ce constat que repose Happy Men, le programme lancé jeudi par l’association Mercredi-c-papa en partenariat avec Orange. L’idée ? Créer des cercles d’hommes dans les entreprises pour les pousser à dialoguer autour de l’égalité professionnelle. Chaque membre, ainsi devenu Happy Man, est ensuite incité à prendre un ou plusieurs engagements, comme par exemple celui de s’occuper, pour les six prochains mois, de ses enfants quand ils seront malades. « Pour la plupart des hommes, tout va bien aujourd’hui dans les entreprises, insiste ainsi Antoine de Gabrielli. Il faut une prise de conscience de leur part pour atteindre l’égalité professionnelle. »
Ainsi, en inscrivant ses engagements sur le mur des Happy Men, chacun se voit rappeler, qu’au-delà de la question d’équité, l’égalité professionnelle profite à tous. « Elle est bonne pour soi et elle est bonne pour l’entreprise, rappelle le fondateur de l'association "Mercredi-c-papa". C’est un vecteur de performance. Intégrer cette notion dans son mode de management est une compétence. Mais c’est aussi la meilleure manière pour les hommes de pouvoir s’épanouir dans leur vie privée sans que cela ait de conséquence sur leur carrière. »
Alban Luherne, directeur programme office auprès du DGA chez Orange, est l’un des premiers Happy Men. Il a pris comme premier engagement de relever les blagues et expressions sexistes : « Ça peut sembler peu engageant. Mais j’essaie d’être plus alerte à ce sujet. Et pour moi, prendre conscience des inégalités, c’est déjà faire la moitié du chemin. » Son deuxième engagement, relève lui en revanche de sa vie privée : « J’essaie d’emmener mes enfants à l’école. Aujourd’hui, j’ai envie de mieux gérer mon équilibre entre vie pro et vie perso. J’ai deux petits enfants et je ne veux pas passer à côté d’eux. Mais j’ai aussi l’ambition de gérer une carrière. »
Rendre les hommes plus heureux serait donc la solution pour l’égalité pro ? Oui, mais pas seulement, répond Antoine de Gabrielli, rappelant le sous-titre de l’opération « share more » (« partager plus ») : « La notion de plus de partage est essentielle dans notre démarche. Mais pour cela, il faut libérer la parole entre hommes dans des cercles créés autour d’une certaine affinité, avant de pouvoir créer des passerelles de dialogue avec les réseaux féminins. » Et toute la difficulté est là : comment mesurer combien ces changements profitent aux femmes ? Car si l’association fera un point au bout de six mois sur les avancées de chacun, Antoine de Gabrielli le reconnaît : « Prendre un engagement est facile, s’y tenir est difficile. Il y a un véritable enjeu sur la durée. »
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