Société
En Iran, le business florissant de la location d'utérus pour survivre à la crise
Publié le 24 janvier 2022 à 12:14
Par Pauline Machado | Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Face à l'augmentation du chômage et de la pauvreté, de plus en plus de femmes vivant en Iran louent leur utérus à des couples qui veulent concevoir par GPA.
En Iran, le business florissant de la location d'utérus pour survivre à la crise En Iran, le business florissant de la location d'utérus pour survivre à la crise© Adobe Stock
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Les autorités de la république islamique d'Iran n'ont certes pas encore fourni de statistiques précises, mais le phénomène n'a rien d'une rumeur, observe The Independent Persian. Les pubs pour des intermédiaires mettant en relation mères porteuses et futurs parents inondent les réseaux sociaux, les sites et les applis d'e-commerce, preuve d'un recours qui prend de l'ampleur.

"La plupart de ces mères porteuses se trouvent dans une situation financière désespérée et se tournent vers ce 'métier' pour résoudre leurs problèmes financiers", explique au média Mme Gholami, spécialiste de la question.

20 % reversés aux intermédiaires

Seulement, la somme versée par les couples (d'environ 2 600 euros à 4 800 euros, apprend-on, soit 50 fois plus que le salaire minimum d'un ouvrier) atterrit davantage dans les poches des "agences" que de la femme enceinte. Au quotidien Taadol, une jeune femme de 30 ans a expliqué avoir dû céder 20 % à la personne qui l'a présentée au couple, révèle Courrier International. Il s'agissait de la troisième grossesse qu'elle menait à terme.

Et Mme Gholami de poursuivre : la croissance de la pratique répond à une misère grandissante. Aujourd'hui, il y a même davantage de mères porteuses que de "client·e·s". "Les femmes qui louent leur utérus vivent dans la plupart des provinces d'Iran", ajoute l'experte. "Aujourd'hui, Téhéran et les grandes villes du pays comme Mashhad (Nord-Est), Ispahan (Centre), Chiraz (Sud), et Tabriz (Nord-Ouest) ont le taux le plus élevé d'enfants nés par GPA (gestation par autrui, ndlr)."

Des conditions de vie qui se dégradent

Si la GPA est considérée comme l'une des méthodes les plus efficaces face à l'infertilité, les conséquences psychologiques et physiques pour la femme enceinte sont particulièrement difficiles en Iran, où les conditions de vie se dégradent. D'autant plus pour celles qui louent leur utérus plusieurs fois, bien qu'il faille "attendre 6 mois après l'accouchement pour une nouvelle grossesse", précise la spécialiste.

"À chaque long processus de naissance, la force physique de la mère diminue", explique à son tour Ahmad Reza Vanaki, avocat, à The Independent Persian. "Porter un foetus pendant neuf mois puis être séparée du bébé peut être traumatisant. De la même façon, la contrainte économique de devoir accepter une telle chose est néfaste et désagréable."

Une réalité alarmante soulignant la misère qui touche de nombreux foyers dans le pays.

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