Kamala Harris est la première femme, mais aussi la première femme noire et d'origine asiatique élue vice-présidente des Etats-Unis. Pour célébrer son investiture prochaine et forcément historique, l'édition américaine du magazine Vogue a souhaité dédier la couverture de son numéro de février 2021 à la juge de formation, qui gouvernera auprès du président démocrate Joe Biden. Un événement médiatique qui aurait dû susciter un engouement certain auprès du public, et des partages en masse sur les réseaux sociaux.
Et puis, les Unes sont sorties, provoquant une réaction plus que mitigée. Si les images sont bel et bien devenues virales en quelques jours, ce n'est pas vraiment pour les raisons escomptées. Sur Twitter et Instagram, les critiques vont bon train, disséquant d'abord les vêtements dans lesquels pose Kamala Harris.
Sur l'un des deux clichés réalisés par le photographe de 26 ans, Tyler Mitchell, la dirigeante porte un costume noir et une paire de Converse basses (l'une de ses marques de fabrique) sur un fond de tissus drapés rose et vert. Une tenue jugée trop simple et similaire à celles de sa campagne, quand elle aurait pu adopter un look plus "audacieux" et "empouvoirant", qui représenterait ses nouvelles fonctions, d'après certain·e·s. Sur la deuxième couverture, plus formelle, on la voit bras croisés dans un tailleur bleu ciel signé Michael Kors.
"La photo en elle-même n'est pas si terrible. Elle est juste très, très en-dessous des standards de Vogue. Ils n'y ont pas réfléchi. Comme des devoirs faits le matin même", déplore par exemple la militante LGBTQ Charlotte Clymer sur Twitter.
Mais ce que les internautes reprochent surtout, c'est la façon dont la peau de la vice-présidente semble éclaircie. Un exemple de "whitewashing", ou le fait de "blanchir" les traits de personnes racisées, largement dénoncé.
"Kamala Harris a la peau aussi claire que les femmes de couleur [peuvent l'avoir] et Vogue a encore gâché son éclairage", lit-on, quand d'autres condamnent une "couverture décolorée". Une jeune femme s'interroge même : "Attendez, la couverture de Kamala Harris est réelle ? Je pensais qu'elle était fausse, tellement elle est mauvaise".
Quelques critiques ciblent aussi directement Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue, qui faisait pourtant son mea culpa antiraciste en mai dernier. "Quel gâchis", écrit en ce sens Wajahat Ali, collaborateur du New York Times. "Anna Wintour ne doit vraiment pas avoir d'amis et de collègues noirs. Je vais prendre des photos de la vice-présidente Kamala Harris gratuitement avec mon Samsung et je suis sûr à 100 % que ça sera mieux que cette couverture de Vogue".
A en croire CNN, les conseiller·e·s de la vice-présidente non plus, n'auraient pas accueilli ces couvertures d'un très bon oeil. Et pour cause. "Une source m'a dit que la [Une] rose et verte n'avait même pas été choisie par l'équipe de Harris comme option pour [l'intérieur]", informe Jasmine Wright, productrice de la chaîne américaine, sur Twitter.
Le magazine tient quant à lui à défendre sa décision, assurant avoir "adoré les images prises par Tyler Mitchell et estimé que l'image plus informelle reflétait la nature authentique et accessible de la vice-présidente élue Harris - qui, selon [lui], est l'une des caractéristiques de l'administration Biden/Harris".
Un exemple qui rappelle la couverture récente de la gymnaste Simone Biles. Le magazine avait alors été vivement critiqué pour ne pas avoir réussi (ni essayé ?) à mettre en avant la couleur de sa peau de manière aussi travaillée et adaptée qu'avec une personnalité blanche.