Après le Nigeria il y a six mois, c'est au tour de la Gambie d'interdire l'excision. Le chef de l'état a annoncé le 24 novembre l'interdiction de cette mutilation sexuelle infligée aux femmes "avec effet immédiat". C'est le ministre gambien Sheriff Bojang qui a relayé cette annonce visant la "protection des fillettes", selon ses termes sur sa page Facebook dans la nuit de lundi à mardi.
Pour Yahya Jammeh, cette décision est motivée par l'"absence de justification religieuse de cette pratique dans l'islam". Le président a prévenu que les familles ou les autorités locales qui outrepasseraient cette interdiction s'exposeraient à des sanctions, sans toutefois donner plus de détails.
C'est bien là le noeud du problème : alors que de plus en plus de pays d'Afrique ont criminalisé l'excision, les comportements mettent du temps à évoluer et cette pratique ancestrale continue d'être suivie dans certaines familles.
Pour autant, selon un rapport publié en 2013 par l'Unicef, "en termes de tendances, il faut noter que dans plus de la moitié des 29 pays où les mutilations génitales et l'excision sont concentrées, les filles d'aujourd'hui risquent moins d'être excisées que leur mère".
Restent quelques pays récalcitrants à légiférer sur cette mutilation sexuelle tels la Somalie, la Guinée et même l'Egypte, où un business d'excisions clandestines a été dévoilé il y a quelques mois au Caire. Dans ces pays, 9 femmes sur 10 âgées de 15 à 49 ans ont subi une excision. De même, selon l'Unicef, "aucune baisse n'est également constatée dans des pays comme la Gambie, le Mali, le Sénégal, le Soudan, le Tchad ou le Yémen".
Comme le montrent les données publiées dans le rapport de l'Unicef, il y a encore du chemin à faire en Afrique pour que l'excision disparaisse. En effet plus de trois millions de filles sont exposées à cette mutilation chaque année et sept filles se font encore couper ou mutiler les parties génitales chaque minute dans le monde selon le Groupe pour l'abolition des mutilations sexuelles (GAMS). "Et la vitesse à laquelle la pratique décline n'est pas suffisante pour contrebalancer l'augmentation de la population. Si cette diminution ne s'accélère pas, le nombre de victimes va passer de 3,6 millions par an aujourd'hui à 4,1 millions en 2035", prévient l'organisme.