À l'été 2017, les étudiantes et les étudiants qui se sont présentés aux examens de mathématiques et d'informatique de l'université d'Oxford, en Angleterre, ont bénéficié non pas de 90 minutes pour résoudre les problèmes qui leur étaient posés, mais de 105 minutes.
Fruit d'une expérimentation jusqu'ici inédite dans la prestigieuse université, ce temps d'examen supplémentaire a été octroyé à l'ensemble des étudiants, tandis que ni la longueur des questions, ni leur niveau de difficultés n'ont été modifiés. Il avait cependant un but précis : favoriser la réussite des femmes se présentant à l'examen. La direction du département de mathématiques s'est en effet aperçue qu'en moyenne, les hommes étaient deux fois plus nombreux que les femmes à obtenir leur diplôme avec la mention "first class degree", soit la meilleure qu'il est possible de décrocher.
Comment l'expliquer ? Pour la direction du département, les femmes auraient en effet besoin d'un temps supplémentaire pour réaliser leur examen car elles sont "plus susceptibles d'être affectées par la pression du temps", c'est-à-dire par le stress de voir les minutes sonnant la fin de l'examen défiler. Déjà en 2016, le jury des examinateurs de l'université d'Oxford avait émis l'idée que des changements dans le déroulé des examens soient testés pour améliorer les notes des femmes.
Cette mesure accordant du temps supplémentaire à tous les étudiants a d'ailleurs été suivi d'effets, puisque les jeunes femmes ont obtenu cette année de meilleures notes à leur examen de mathématiques que les années précédentes. Cité par The Telegraph, un porte-parole de l'université a qualifié ces changements d'"académiquement exigeants et fiables", et souligné qu'en moyenne, les femmes obtenaient auparavant la meilleure mention dans 39% des cas, contre 47% des hommes. Le temps d'examen supplémentaire devrait, selon lui, permettre d'améliorer encore les résultats des femmes.
Dans le monde universitaire, la mesure décrétée par l'université d'Oxford a été accueillie avec un enthousiasme modéré. Si certain.e.s y voient effectivement un coup de pouce évident pour aider les femmes à réussir dans le monde des sciences, d'autres y voient au contraire une mesure paternaliste et empreinte de sexisme. Comme le rappelle Slate citant un article de The Independent datant de juin 2017, l'université d'Oxford n'en est d'ailleurs pas à sa première expérimentation controversée pour favoriser la réussite des femmes dans leurs études. La dernière fois, c'était le département d'histoire qui a été accusé d'être sexiste, suite à la publication d'une note interne suggérant de "remplacer l'examen en temps limité par un examen fait à la maison".
Amanda Foreman, chercheuse honoraire en histoire à l'Université de Liverpool, s'était fortement opposée à la mesure. "La raison pour laquelle les filles et les garçons se comportent différemment aux examens n'a rien à voir avec le bâtiment dans lequel ils se trouvent. Je pense que c'est extrêmement bien intentionné et je les félicite d'avoir pris la question au sérieux. Mais c'est tellement insultant", expliquait-elle alors au Telegraph.
"Vous dites que les filles ne peuvent pas supporter le stress de s'asseoir dans la salle d'examen, ce qui augmente le niveau d'anxiété. Je ne pense pas que les filles sont intrinsèquement plus faibles que les garçons et ne peuvent pas se contenir. Les femmes ne sont pas le sexe faible. "