On veut tous bien faire, être bien vu et apprécié. Mais certains d'entre nous ont tendance à pousser cette volonté trop loin, parfois sans s'en rendre compte. On s'emmêle dans des obligations grotesques et chronophages "parce qu'on a pas su dire non", on s'oblige à faire des choses pour forcer l'admiration de nos proches, on s'excuse en permanence sans être en tort... Mais vous infliger la pièce "post-moderne" en six actes de votre ancienne copine de lycée ou vous forcer à vous pomponner pour aller acheter du beurre à l'épicerie en bas de chez vous parce que vous êtes hantée par l'image de votre grand-mère s'écriant d'un air effaré "Qu'est-ce que les gens diront de toi ?" ne vous rend pas service. Au contraire, votre perfectionnisme vous pousse vers le burn-out : vous êtes tellement overbookée, occupée à courir partout pour contenter tout le monde que vous ne faites plus rien pour vous. En fait, vous vous dépossédez de votre vie et de votre temps. Mais pas d'inquiétude, pour remédier à cela, c'est tout simple : il suffit de s'en foutre.
C'est du moins le conseil de Sarah Knight dans son livre The Life-Changing Magic of Not Giving a F*ck, un bestseller parodiant l'ouvrage-phare de Marie Kondo The Life-Changing Magic of Tidying Up mais reste pour autant tout à fait sérieux. Sarah Knight a cherché des applications pratiques aux conseils de rangement de Marie Kondo pour alléger la vie de ses lecteurs et les aider à se "décrasser" mentalement. Elle a mis au point une méthode pour se libérer du poids anxiogène de notre perfectionnisme qui nous pousse à toujours vouloir tout faire bien et satisfaire perpétuellement les autres. Le sous-titre du livre résume parfaitement l'enjeu de la méthode de Knight : "comment arrêter de passer du temps qu'on n'a pas avec des gens que vous n'aimez pas à faire des choses dont vous n'avez pas envie".
Voici cinq conseils pour apprendre à s'en foutre sans devenir quelqu'un de détestable.
1- Ne soyez pas désolée
Etablissez des priorités, et demandez-vous ce qui est réellement embêtant pour vous, ce qui ne vous fait pas plaisir. Posez-vous la double question "Est-ce que c'est embêtant ?", c'est-à-dire : "Est-ce que c'est embêtant à faire pour moi ?", et si oui, "Est-ce que c'est embêtant si je ne le fais pas ?". Vous verrez que la réponse rationnelle est souvent non. On se soumet en permanence à une pression grotesque pour être à la hauteur de nos –trop hautes- exigences : on veut toujours être sympathique, faire plaisir, être disponible pour les autres... Et à force, on s'y perd nous-mêmes. C'est loin de nous rendre heureuse : ça nous rend juste sujettes à la dépression nerveuse et aux crises de panique.
Apprenez à lâcher du lest et à relativiser. Et surtout, arrêtez d'être désolée. Vous n'avez pas à vous excuser à tout bout de champ d'avoir des priorités et de ne pas pouvoir dédier l'intégralité de votre temps aux autres...
Promis, vous allez adorer. S'en foutre, c'est un muscle : il faut l'entraîner, même si c'est difficile au début. Et le b.a.-ba de cet entraînement, c'est de dire "non". Il faut que vous vous rendiez compte que vous vous imposez toute seule des obligations dans votre course effrenée au contentement. Il faut que vous appreniez que dire non n'est pas un crime et que ça ne fait pas de vous une personne moins appréciable, au contraire. Dire non à des choses qui vous embêtent (se maquiller pour aller à l'épicerie, partir en vacances avec un couple qui vient d'avoir un nouveau-né, aller au récital de chant de la fille de 5 ans de votre collègue horripilante qui n'arrête pas d'oublier votre prénom) vous permet de gagner du temps et de l'argent pour faire des choses qui vous plaisent vraiment. C'est votre esprit que vous allégez en écrémant votre emploi du temps !
Comment arrêter de faire des choses qui nous emmerdent sans faire de la peine à quelqu'un ? Dressez un budget de "je m'en fous" : considérez-les comme des ressources limitées que vous ne pouvez pas distribuer à tout va et à tout le monde, sous peine de devenir un sombre imbécile égocentrique. Etablissez un cercle prioritaire de membres de votre famille, amis, proches, collègues, auxquels vous tenez réellement et dont vous soutiendrez avec enthousiasme les projets, même si pour cela vous devez faire certaines choses qui vous prendront du temps sans réellement vous faire plaisir. En effet, le but de cette méthode n'est pas de devenir un narcissique autocentré, et on sait bien qu'on ne peut pas dégainer un "je m'en fous" dès qu'on a quelque chose à faire qui ne nous fait pas forcément plaisir : ça serait trop facile... Mais l'idée est d'établir une liste de personnes "prioritaires", qui comptent pour vous, et une liste de personnes "périphériques" : vos vagues connaissances, vos collègues lointains ou détestables, vos cousins par alliance que vous avez croisés à deux réunions de famille quand vous aviez six ans... Si vous devez continuer d'accorder votre attention aux gens "prioritaires", vous pouvez sans culpabiliser vous permettre d'envoyer paître les "périphériques" qui tiennent absolument à ce que vous veniez à la bar-mitsvah de leur neveu.
Pour décliner une invitation, soyez toujours honnête et polie, mais sans tomber dans l'excès. Par exemple : pour une invitation à un mariage d'amis "périphériques" tombant le weekend de trois jours que vous aviez réservé il y a six mois pour un weekend en amoureux, vous pouvez répondre gentiment que vous êtes touchée par l'invitation, et même si malheureusement, vous ne pourrez pas être présente, vous envoyez toutes vos félicitations aux futurs mariés. Vous voyez : honnête et polie. N'allez pas expliquer par contre que vous deviez partir en weekend à deux pour rallumer la flamme mais que tant pis, vous profiterez de leur formidable mariage pour trouver l'inspiration nécessaire à un nouveau départ. Ne vous enfoncez pas dans les détails, ça donne la sensation que vous vous reprochez quelque chose : c'est un droit légitime de ne pas être disponible tout le temps et pour n'importe qui !
Peu importe les hashtags #ZeroF*cks ou #NoF*cksGiven qui se multiplient sur Twitter. On ne peut pas se foutre de tout, à moins de vouloir se transformer en parfait connard. L'important est de parvenir à vous remettre au centre de votre vie pour qu'elle vous paraisse plus légère et plus heureuse. C'est votre manière de réagir aux demandes des autres qu'il faut remettre en question, pas les règles élémentaires de bien-vivre : vous ne pouvez pas vous en foutre d'arriver en retard au boulot, de faire attendre quelqu'un, de ne pas justifier vos absences... Etablir des priorités en fonction des choses ou des personnes que vous aimez vous permettra d'être plus heureuse. Et il faut se défaire du mythe qui dit que vous êtes une affreuse égoïste si vous vous occupez un peu de vous et de ce qui vous fait plaisir : au contraire, c'est aussi une manière de prendre soin des gens qui vous entourent. Plus heureuse, plus disponible, moins stressée : tout cela se répercute sur vos proches, et leur sert aussi. "S'en foutre signifie que vous prenez soin de vous en premier : c'est comme mettre son masque à oxygène en premier pour pouvoir ensuite aider les autres", insiste Sarah Knight.
Mais si jamais certains ne sont pas convaincus et continuent de vous accuser de faire preuve d'égocentrisme pur et dur... Foutez-vous en.