Vous avez résisté à des mois et des mois de salariat. Au gré de réunions aux contenus obscurs et dont la solennité est entretenue à grands coups d'anglicismes, d'heures supplémentaires en heures supplémentaires et d'objectifs par définition inatteignables vous vous êtes forgée un mental d'acier en attendant la délivrance des trois semaines de congés posés en août.
Et là, patatras, le burn-out vous rattrape au bord de la plage... un comble ! Baptisé burn-out estival, ce phénomène de surmenage en vacances guette les vacanciers, principalement les femmes, dont le programme et / ou l'esprit est surchargé. Réveil à 8h, semi-marathon avant 11h, puis préparation durant deux heures d'un déjeuner digne d'un restaurant étoilé, activités avec les enfants (qui braillent) à la plage et compagnon érotisé par l'été qui réclame sans cesse plus d'attention. Le hamac prend la poussière et votre tête s'embrume. Interrogée par Terrafemina, la psychologue Amélia Lobbé décrypte les origines du burn-out estival et donne quelques clés pour ne pas sombrer.
TF : Pourquoi certaines femmes développent un burn-out paradoxalement durant les vacances ?
AL : Les femmes vivent à 100 l'heure toute l'année car elles se partagent entre leur travail, l'éducation des enfants, les activités extrascolaires et l'organisation de la maison. Les mamans au foyer, elles, ne connaissent ni déjeuners entre collègues, ni week-ends ; leur travail ne s'arrête jamais. De plus, des pressions sociales pèsent sur les femmes: il leur faut rester séduisantes, donc s'affamer à partir du mois d'avril en vue de la plage et faire du sport à outrance, tout en ayant une vie sociale et sexuelle débordantes. Les sources de stress sont nombreuses.
Lorsque les vacances arrivent enfin, il est naturel que certaines femmes se sentent complètement vidées, stressées et incapables de profiter pleinement de leur partenaire, de leurs enfants et du farniente. D'ailleurs, les obligations domestiques ne cessent guère pendant les vacances, et sont même souvent décuplées (valises à préparer pour toute la famille, enfants à occuper, repas à gérer...). Changer d'environnement est également perturbant et source d'anxiété pour certaines personnes qui perdent leurs repères habituels. C'est là que l'épuisement total peut se matérialiser.
TF : Quelles sont les précautions à prendre et les solutions pour l'éviter ?
AL : Pour partir en vacances dans un état moral et physique corrects, il convient de ne pas attendre le jour du départ pour ralentir le rythme. Pendant l'année, il est bon de s'octroyer des pauses régulières dans son planning et de consacrer ces pauses à des activités tournées vers le bien-être et le plaisir. Apprendre à bien respirer aide à gérer son stress au quotidien. ll ne faut pas hésiter également à déléguer régulièrement des tâches familiales et domestiques à son partenaire (ou à un(e) professionnel(le) lorsque cela est possible) afin de gagner un peu de temps pour soi. Il est aussi possible d'organiser de temps à autre des échanges de baby-sitting avec d'autres parents, afin de gagner 2 ou 3h de détente.
Prendre soin de soi toute l'année, c'est aussi prendre soin de sa famille et de ses proches, car ils retrouvent une femme zen et bien dans sa peau. Tout le monde en profite au final. Profiter des vacances pour faire une vraie coupure avec son travail et son rythme effréné se décide également. Enfin, décaler son départ de quelques jours et se reposer avant de partir aide à prévenir l'épuisement nerveux sur son lieu de vacances (ou bien consacrer le week-end précédant le grand départ au repos total). Être zen et reposée pendant les vacances se planifie à l'avance.