« La 12e édition d’un livre culte », annonce la vidéo YouTube qui fait la pub du « Dico des filles 2014 ». Et en effet, nous sommes nombreuses à avoir eu entre nos mains ce dictionnaire pendant nos jeunes années et il est toujours largement diffusé en librairie et en grandes surfaces. Des papillons sur la tranche, du rose et des paillettes... Ce dictionnaire 100% girly destiné aux adolescentes et censé répondre à toutes les questions qu'elles se posent sur la vie contient 200 entrées. « Dès les premières pages du dico, rendez-vous avec toutes les tendances mode de l'année 2014, et toujours plus de surprises ! », annonce Fleurus, son éditeur (une maison d’édition de sensibilité catholique). Et en effet, le contenu de cette bible adolescente a parfois de quoi surprendre. « Les filles auxquelles s'adresse l'ouvrage ont de 12 à 16 ans, et ne peuvent être qu'hétérosexuelles et de classe moyenne ou aisée », pointait déjà le média gay et lesbien Yagg en 2010. Et le site de recopier quelques morceaux choisis de l’édition 2011 du « Dico des filles » tirés de l’entrée « Homosexualité » : « C'est vrai qu'il existe des couples homosexuels stables. Mais souvent, les relations sont éphémères, instables et les homosexuels ont du mal à se projeter dans l'avenir ». On apprend aussi qu’être homosexuel « signifie se sentir toujours différent, minoritaire ». « Comme tous les ans, Le Dico des filles est là pour aider les filles (hétérosexuelles) à devenir femmes », concluait le site.
Et cette année encore, le contenu est gratiné. L’entrée « Avortement » en a en tout cas fait bondir plus d’une comme une certaine Mme Déjantée qui a d’abord diffusé quelques perles sur son compte Twitter avant de rédiger une critique en règle du dico sur le site lesvendredisintellos.com. Elle accuse le dico de faire circuler des informations erronées mais surtout de « véhiculer, défendre et entériner les stéréotypes de genre » : « Les femmes auraient un don pour l’analyse, les hommes une capacité de synthèse », « Elles sont capables de faire plusieurs choses à la fois, alors que les garçons, dit-on, préfèrent se consacrer à une seule tâche », cite-t-elle avant de rire (jaune) de ce que dit le livre de la masturbation, qui « si elle ne rend pas sourd rend d’une certaine façon "sourd"… aux autres. Cela reste une expérience pauvre, où il n’y a pas toute la dimension d’échange que l’on peut trouver quand on est deux ».
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Sur la fessée et la gifle (un geste effectué sous le coup de l'exaspération et qui « n'a rien à voir avec de la maltraitance »), sur l’orgasme (la fin de l'acte sexuel pour les garçons, un détail insignifiant pour les filles)... Le dico multiplie les bourdes. Mais c’est l’entrée « Avortement » qui l’a carrément effarée, et elle n’est pas la seule :
"Si la loi permet cet acte, elle ne le rend pas pour autant juste ou moral."#avortement #dicodesfilles2014 #fleurus
— Mme Déjantée (@MmeDejantee) November 7, 2013
"On peut comprendre l'utilité de cette loi tout en réprouvant l'avortement parce qu'il porte atteinte à la vie humaine" #Dicodesfilles2014
— Mme Déjantée (@MmeDejantee) November 7, 2013
"Les autorités morales et les grandes familles religieuses ont leur mot à dire dans cette affaire parce que C leur rôle d'énoncer des...
— Mme Déjantée (@MmeDejantee) November 7, 2013
... principes destinés à guider l'action humaine" #dicodesfilles2014 #fleurus
— Mme Déjantée (@MmeDejantee) November 7, 2013
Déjà, via le hashtag #dicopascon, quelques-uns se réunissent autour d'un projet de dico différent « qui répondra aux questions des pré-ados/ados sur la sexualité, et sera humaniste, féministe, déculpabilisant, laïc et pratique. » Le groupe Facebook Dico pas con a également été créé. La résistance s’organise.
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