En ces temps difficiles, le 115 est débordé. Près d’un appel sur deux (49%) au numéro du Samu Social n'a pas abouti à une solution d'hébergement en décembre, faute de places. Les chiffres proviennent du baromètre hivernal du 115, réalisé par la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars), et publié vendredi par le quotidien La Croix. L’absence de places est particulièrement cruelle pour les couples avec enfants, puisque la proportion d’appels inaboutis passe pour eux à 61%. Sur les 37 départements (hors Paris) auscultés par la Fnars, certaines zones géographiques sont confrontées à un quasi désert de logements d’urgence. La Loire voit 91% de ses appels restés sans solution ; puis viennent le Rhône (88%) ; la Guadeloupe (83%) et la Loire-Atlantique (68%).
La détresse des sans-abri s’explique, selon la Fnars, par une « gestion de l’exclusion au thermomètre, qui adapte avant tout l’offre d’hébergement d’urgence aux conditions climatiques avant de s’adapter aux besoins des personnes ». « Au manque de places pérennes pour accueillir les personnes, s’ajoute la douceur de cet hiver qui limite l’ouverture des dispositifs temporaires », déplore-t-elle. Les étrangers sont les plus mal lotis. Ils sont confrontés à « une plus faible attribution de places d’hébergement (35%) que les personnes de nationalité française (63%)», observe la fédération. 71% des requêtes émanant de personnes issues de l’Union européenne, dont une majorité de Roumains, se sont soldées par un refus en décembre. Même constat pour 56% des demandes de personnes étrangères hors Union européenne.
Pour la Fnars, « l’accueil des étrangers en détresse est un problème structurel » qui place la France dans l’incapacité « d’honorer les conventions internationales qu’elle a signées ». Une donnée qu’a dû ignorer le secrétaire d’État au Logement, Benoist Apparu, quand il assurait, le 1er décembre dernier, que tous les sans-abri composant le 115 se verraient proposer une place. Le fondateur du Samu Social, le Dr Xavier Emmanuelli, avait d’ailleurs claqué la porte en juillet dernier, en raison d’une situation « plus gérable » après l’annonce d’une baisse drastique du budget 2011 par l’État, qui le finance à 92%.
Élodie Vergelati
Avec AFP
Crédit photo : AFP
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