Séverine Perdereau : Notre association soutient depuis un an les victimes de licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices. C'est une évidence d'être là aujourd'hui avec les Goodyear. Nous sommes là pour qu'on arrête d'entendre uniquement les chiffres sur la crise et les pertes, et qu'on parle un peu des dividendes que rapportent ces entreprises. La force de notre réseau est de fédérer des entreprises de tous les secteurs : industrie, chimie, agroalimentaire, commerce, etc. Plus de 25 groupes sont représentés par leurs salariés aujourd'hui, et à vue d'œil je pense que nous sommes plus de 2 000 ici.
S. P. : Beaucoup d'entreprises représentées appartiennent au secteur automobile, qui compte une majorité d'hommes, mais Sanofi, Samsonite ou 3 Suisses pour ne citer qu'eux, sont des groupes très féminisés. Nous sommes une association de femmes parce que notre combat de départ concernait une entreprise à 80% féminine (3 Suisses, ndlr), et nous continuerons de nous battre pour lutter contre les problèmes spécifiques liés à la précarisation de l'emploi féminin. Les femmes ouvrières en particulier sont très pénalisées par le contexte économique actuel. Mais aujourd'hui c'est une action de rassemblement que nous entreprenons. Il n'y a plus de clivage homme-femme ou de clivage syndical, le combat social englobe et dépasse le féminisme.
S. P. : J'attends plus de précisions, c'est flou et ça ressemble un peu trop à un effet d'annonce pour démobiliser les grévistes. J'espère que ce sera vraiment mis en action, comme François Hollande l'avait promis aux salariés pendant les primaires. C'est une bonne façon d'apaiser la communication qui est assez mauvaise avec le ministre de l'Intérieur. Quand on entend les propos de Manuel Valls, qui nous dit qu'on ne doit pas détruire l'outil de travail, alors que précisément tous ces salariés viennent défendre leur usine, c'est révoltant. Manuel Valls veut faire passer les ouvriers pour des voyous. Nous ne sommes pas là pour être violents, mais pour sauver notre emploi.
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