Ces dix dernières années, le nombre de mal-logés a explosé en France. Aujourd’hui, près d’une personne sur huit est touchée, de près ou de loin, par la crise du logement et, à 80 jours de l’élection présidentielle, le Fondation Abbé Pierre entend faire de l’une des principales préoccupations des Français, un des thèmes majeurs de la campagne.
Et pour cause, dans son 17e rapport annuel, la Fondation évalue à plus de 3,6 millions le nombre de personnes mal-logées ou sans abri. Parmi cette population en situation précaire, 658 116 seraient privées de domicile personnel, plus de 2,7 millions vivraient dans des conditions « très difficiles », sans confort ou dans des logements très surpeuplés, 172 847 seraient locataires de meublés et 86 612 seraient des gens du voyage ne pouvant accéder à une aide d’accueil.
À ces mal-logés, s’ajouteraient plus de 5,1 millions de personnes « en situation de réelle fragilité de logement » à court ou moyen terme car vivant dans des copropriétés en difficulté ou devant faire face à des loyers impayés. Ainsi, ce sont près de 9 millions de personnes qui seraient concernées par la crise du logement. Dans son rapport qui sera présenté ce mercredi, la Fondation estime par ailleurs à 1,2 million le nombre de ménages en attente d’un logement social et à 92 000 les familles menacées d’expulsions.
« Il manque entre 700 000 et 800 000 logements en France »
« En vingt ans, la crise du logement s’est élargie à de nouvelles catégories de population comme les classes moyennes modestes et les travailleurs pauvres », analyse Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé Pierre. En cause, la fragilisation des ressources des ménages, surtout depuis la crise de 2008, et la hausse considérable du coût du logement. En effet, en dix ans, le prix de l’ancien a crû de 140 % et celui du neuf de 110 %. La valeur du foncier a pour sa part fait un bond de 90 % quand celle des loyers à la location a pris 50 %. Or, dans le même temps, le niveau des ressources moyen des ménages n’a augmenté que de 26 %...
Face à ce mal-logement enraciné, la Fondation Abbé Pierre, qui travaille depuis plus de vingt ans auprès des défavorisés pour leur permettre d’accéder à un toit décent, a donc décidé de tirer la sonnette d’alarme et d’exiger un véritable changement d’orientation des politiques. « La ligne générale des politiques a été de soutenir de façon inconsidérée les marchés immobiliers, regrette Patrick Doutreligne, il manque entre 700 000 et 800 000 logements en France ». Le « contrat social » que la Fondation entend proposer aux candidats imposerait, s'il était appliqué, de produire environ 500 000 logements par an, dont au moins 150 000 logements sociaux mais aussi de réguler les prix et de maîtriser les coûts du logement, entre autres.
Crédit photo : AFP
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