Société
Les plaintes pour violences sexuelles sont en (grande) majorité classées sans suite
Publié le 5 avril 2024 à 14:20
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Plus de cinq ans après les prémices de MeToo, une toute nouvelle étude fait entendre un "décalage" entre révolution et fonctionnement de la justice : la majorité des plaintes pour violences sexuelles sont classées sans suite en France.
En France, les plaintes pour violences sexuelles sont en (grande) majorité classées sans suite En France, les plaintes pour violences sexuelles sont en (grande) majorité classées sans suite© Abaca
Les plaintes pour violences sexuelles sont en (grande) majorité classées sans suite Plus de cinq ans après les prémices de MeToo, une toute nouvelle étude fait entendre un "décalage" entre révolution et fonctionnement de la justice : la majorité des plaintes pour violences sexuelles sont classées sans suite en France. "En France, 73 % des affaires de violences sexuelles sont classées au stade de l'enquête préliminaire du Parquet. Souvent, porter plainte est le début d'un processus, pour la justice, mais c'est aussi la fin d'une longue réflexion, d'une hésitation, qui a été difficile", nous expliquait Marine Turchi (Médiapart) lors de la sortie de son livre "Faute de preuves" La journaliste d'investigation poursuivait : "La justice pourrait prendre davantage en compte ce facteur dans l'accueil des victimes". Mais on en est où, 3 ans plus tard ?
Et bien, les conséquences des révélations #MeToo sur la justice française ne semblent pas encore synonyme de révolution pour les victimes. Une toute nouvelle étude établie par Maëlle Strico et publiée le  3 avril nous apprend ainsi que plus des trois quarts des plaintes pour violences sexuelles sont classées sans suite.
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"En France, 73 % des affaires de violences sexuelles sont classées au stade de l'enquête préliminaire du Parquet. Souvent, porter plainte est le début d'un processus, pour la justice, mais c'est aussi la fin d'une longue réflexion, d'une hésitation, qui a été difficile", nous expliquait la journaliste d'investigation Marine Turchi (Médiapart) lors de la sortie de son livre "Faute de preuve", en 2021. "La justice pourrait prendre davantage en compte ce facteur dans l'accueil des victimes". Mais on en est où, 3 ans plus tard ?

Et bien, les conséquences des révélations #MeToo sur la justice française ne semblent pas encore synonyme de révolution pour les victimes. Une toute nouvelle étude établie par Maëlle Strico et publiée le 3 avril nous apprend ainsi que plus des trois quarts des plaintes pour violences sexuelles sont encore classées sans suite en France. Et ce alors, rappelle ELLE, que le nombre de violences sexuelles et conjugales "n'a jamais été aussi important" !

Plus encore, dixit ce rapport chiffré tenant compte des signalements à la justice, seuls 14 % des suspects "impliqués dans des affaires de violences sexuelles" sont jugés et 13 % des suspects jugés sont reconnus coupables. Depuis 2017, et donc, les prémices de #MeToo, on dénombre plus de signalements. Mais pas forcément plus d'issues satisfaisantes pour les victimes...

"Cela ne signifie pas que la victime a menti !"

En 2021 toujours, la journaliste Marine Turchi abordait dans nos pages le fonctionnement de la justice et nous rappelait à juste titre que "un classement sans suite ne signifie pas forcément que le mis en cause avait "raison" de même qu'un classement pour prescription n'est pas un classement pour absence d'infraction, tout comme ne pas avoir trouvé toutes les preuves ne signifie pas que la victime a menti". Ce n'est pas encore une évidence pour tous.

Mais ces classements sans suite qui s'avèrent majoritaires ne concernent pas seulement les affaires de violences sexuelles. Loin de là. En 2019, on apprenait que 80% des plaintes pour violences conjugales sont à l'unisson classées sans suite, selon un rapport édifiant de l'Inspection Générale de la Justice (IGJ). Un rapport encore une fois très minutieux qui prenait en compte 88 dossiers de violences conjugales, étalés sur plusieurs années.

La "libération" de la parole, et par extension, la multiplication des signalements : un enjeu seulement juridique ? Non, pas que. Il semble également que ce soit du côté des mentalités, que bien du travail reste hélas à faire. On sait ainsi, grâce à un tout récent du Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes, que 37% des hommes en France considèrent le féminisme... comme "une menace". Et ce alors que 9 femmes sur 10 ont déjà renoncé à une sortie, une attitude, une déclaration "pour ne pas être victimes de sexisme"...

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