Les sciences pour les garçons, les lettres, la santé et les arts pour les filles... les stéréotypes ont aujourd'hui encore la vie dure, avec un taux de 20% à peine de femmes ingénieures en France (30% dans le monde), qui varie peu depuis de nombreuses années. La faute à une éducation tenacement traditionnaliste qui pousse peu les jeunes femmes vers ces métiers pourtant rémunérateurs et offrant parmi les meilleurs débouchés. En effet, en 2014, elles n'étaient encore que 10 à 15%, en France à s'orienter vers les options sciences de l'ingénieur. L'étude Mutationnelles de cette année montre que, dans le monde, ce désintérêt varie peu, faisant passer de 30 à 34% en dix ans la proportion de femmes diplômées en sciences et technologies (hors santé), et même de 32 à... 30% celles ayant opté pour les mathématiques. Preuve que, avant même que le monde de l'emploi ne déploie son sexisme toujours bien ancré, la filière ne les fait pas rêver.
Et pourtant... l'étude menée auprès de femmes ayant bravé la barrière du stéréotype montre que le secteur s'est largement ouvert aux impératifs notamment liés à la parentalité, mais aussi, de manière plus globale, à la notion de mixité efficace. En effet, à la question " Les équipes mixtes apportent-elles un plus dans l'efficacité, la performance économique et l'innovation ", 79% des répondants homme ont répondu " oui ". Quant à l'ambiance au travail, elle est incontestablement meilleure lorsque les deux sexes sont représentés pour 86% d'entre eux.
Pour Mari-Noëlle Jego Laveissière, directrice exécutive IMT Orange, la diversité des équipes apporte effectivement davantage de plaisir à travailler dans l'entreprise, et forcément une efficacité accrue. Mais comment dépasser les 18% de femmes ingénieures recrutées lorsque ce taux est celui des femmes candidatant ?
En prenant exemple sur l'Europe centrale et l'Europe de l'Est, qui affichent fièrement un taux de 46 à 52% de femmes dans les métiers scientifiques et techniques ? Chez Airbus, il y a récemment eu deux fois plus de femmes promues que d'hommes, explique Thierry Baril, son DRH, parce qu'elles ont été rendues beaucoup plus visibles. Détaillant ces progrès par pays, celui-ci explique qu'en Allemagne, par exemple, ces avancées n'ont pas été aussi probantes pour des raisons culturelles, qui cantonnent volontiers les femmes au foyer dès lors qu'elles deviennent mères. En Espagne,celles-ci sont en revanche très présentes sans être toutefois encore parvenues aux postes les plus élevés. Tout comme en Asie, où les stéréotypes culturels ont la vie dure.
D'autre part, lorsqu'on observe de près les chiffres recueillis cette année, on constate, outre une relative satisfaction chez les deux sexes de leurs conditions de travail, une déséquilibre encore palpable dans celle concernant ce qui touche à la conciliation vie pro/vie perso. Interrogées sur les dispositifs favorables à l'accompagnement de la parentalité, les femmes actives des secteurs STIM témoignent en effet d'un moins grand soutien de la part des entreprises de leur filière que celles travaillant dans d'autres branches. 35% d'entre elles disent recevoir une contribution aux frais de garde des enfants contre 43% hors STIM, 9% ont accès à une crèche contre 11% dans les autres secteurs, et 66% disposent d'une autorisation d'absences liées à leur rôle de parent contre 73% ailleurs.
Persuadés de la richesse qui naît de la diversité des équipes dans tous les secteurs, et donc forcément celui ô combien important des sciences et techniques, MutationnElles soutient ainsi en partenariat avec Orange, 5 actions applicables dès 2016 pour renforcer la place des femmes dans l'innovation :
- En affichant un engagement clair en faveur de l'égalité femmes/hommes par la mise en place d'indicateurs clés dans les rapports annuels,
- En affirmant m'intérêt de la mixité femmes/hommes dans l'innovation et en communiquant sur leurs succès,
- En promouvant et mesurant, pour les gouvernants nationaux et internationaux, l'efficacité des initiatives conduites par tous les secteurs de la société civile
- Identifier, déployer et valoriser les mesures favorisant l'accès durable à l'emploi de jeunes femmes diplômées dans les filières scientifiques et techniques.
- Mutationnelles s'engage avec l'UNESCO et le projet SAGA, à rendre compte des progrès accomplis, en mesurant tous les ans les effectifs et la situation des femmes dans les formations et les emplois scientifiques et techniques dans le monde, et en analysant leur évolution. Ces données permettront de mesurer l'impact des actions engagées, et surtout d'inspirer celles qui sont à conduire pour qu'enfin hommes et femmes contribuent également aux innovations futures.