Culture
On a lu "Lame de fond", le roman de Linda Lê
Publié le 15 janvier 2013 à 14:24
Par Fanny Rivron
Linda Lê faisait partie des quatre finalistes pour le Goncourt 2012, finalement décerné à Jérôme Ferrari le 7 novembre. On vous parle de « Lame de fond » (Éd. Bourgois), le roman qui a bien failli lui faire remporter le plus célèbres des prix littéraires.
On a lu "Lame de fond", le roman de Linda Lê On a lu "Lame de fond", le roman de Linda Lê© Mathieu Bougois
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Linda Lê

Linda Lê est née en 1963 au Viêt-Nam, connaît mal sa langue natale et manie superbement le français. Déjà, au Viêt-Nam, elle suit des études au lycée français et dévore Balzac et Hugo. Puis c’est le départ pour la France en 1977 avec sa mère et ses sœurs mais sans son père. Son absence hantera ses romans. Après son décès, elle s’adresse à lui dans son roman « Lettre morte » (Christian Bourgois, 1999). En 1992, elle connaît un succès critique avec « Les Évangiles du crime », quatre longues nouvelles autour de la destruction de soi ou de l’autre. Faire parler les morts ou dialoguer avec eux, c’est le créneau de Linda Lê, en témoigne sa récente lettre « À l’enfant que je n’aurai pas » (Nil, 2011). Nouvel opus morbide avec « Lame de fond ».

« Lame de fond »

Van est mort. Était-ce un accident ? Sa femme Lou vient de le renverser au volant de son Austin. De sa tombe, il monologue sur ce que fut sa vie, sur son métier (amoureux fou de la langue française, il était correcteur pour une maison d’édition), ses origines (il a vécu au Viêt-Nam avant de débarquer à Paris), son épouse Lou, sa fille Laure et aussi sur Ulma, l’irrésistible et énigmatique Ulma et sur leur amour, cause de son bonheur et de sa perte. « Lame de fond », un drame familial donc ? Pas seulement. Le thème principal, selon l’auteur, c’est « l'exil sous toutes ses formes ».

La phrase

« L'aimer, c'était pour moi qui m'étais toujours senti en exil, me découvrir une patrie, n'être plus un étranger en phase avec personne. »

La première page

« Je n’ai jamais été bavard de mon vivant. Maintenant que je suis dans un cercueil, j’ai toute latitude de soliloquer. Depuis que le couvercle s’est refermé sur moi, je n’ai qu’une envie : me justifier, définir mon rôle dans les événements survenus, donner quelques clés pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui n’est qu’un fait divers. Je n’ai pas un penchant au regret, mais il me faut faire mon examen de conscience si inutile qu’il soit désormais. »

On aime

L’incroyable aisance narratrice de Linda Lê, qui fait parler avec la même facilité un vieux puriste de la langue française et une adolescente gothique.

La construction fragmentée du roman. Van, Laure, Ulma et Lou racontent tout à tour leur version du drame. Des récits qui se répondent et forment peu à peu une histoire riche et multifacette.

Cette même polyphonie, qui fait qu’on explore aussi bien la vie d’une hippie camée (la mère d’Ulma), celle d’un très jeune Vietnamien exilé ou celle d’une jeune bretonne reniée par sa famille réactionnaire parce qu’elle épouse un « indigène ».

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