Madeleine Lioux naît en 1914. Pianiste-concertiste de talent, elle épouse en 1943 Roland Malraux, son grand amour, héros de la Résistance et plus tard, en 1948, le demi-frère de ce dernier, André Malraux (son ex-beau-frère donc). Elle a vécu pendant plus de vingt ans aux côtés du grand écrivain et ministre de la Culture et éleva ses deux fils aux côtés du sien. « Pendant longtemps, j’ai joué la partition et des enfants », a-t-elle expliqué récemment au Dauphiné à l’occasion de la parution de son livre, sacrifiant sa vie d’artiste, avant de vivre « pour elle » et de retrouver les autres amours de sa vie : le piano et les concerts. À New York, au Japon, en femme libre.
Son journal intime fictif qui commence le 7 avril 1944 et se termine en novembre 2011, écrit à quatre mains avec Céline Malraux, sa petite fille.
Le piano, la guerre puis le deuil, Madeleine Malraux devient veuve et mère à quelques mois d’intervalle. Son époux Roland meurt au cours du naufrage du navire qui le ramenait du camp où il était déporté. Peu à peu, elle se rapproche d’André Malraux, son beau-frère, endeuillé lui aussi (sa femme est décédée dans un accident de chemin de fer). Une étrange relation s’instaure et ils finissent par s’installer ensemble à Boulogne, avec leurs enfants respectifs pour reformer une fratrie compliquée, recomposée et bientôt brisée par la mort des deux fils d’André. Le couple ne résistera pas à ce nouveau deuil. Après une douloureuse séparation, Madeleine reprend sa carrière musicale à New York puis partout dans le monde. On croise dans ce journal un André Malraux intime, aussi brillant que dur, méchant et « antiféministe », le général de Gaulle, les Kennedy (Jackie état une intime de Madeleine) et aussi Gide, Alain Resnais (qui épouse Florence Malraux, la fille d’André), les Pompidou…
Le compositeur Satie est connu pour les surprenantes indications de jeu qu’il notait sur ses partitions à l’intention des interprètes. « Comme dans une petite chambre rouge », « Munissez-vous de clairvoyance » ou « De manière à obtenir un creux ». « Avec une légère intimité » est l’une d’elle et donne son titre au livre. Madeleine Malraux a beaucoup joué Satie.
Livre-objet, livre-trésor et morceau d’Histoire, « Avec une légère intimité » contient de nombreux fac-similés de documents authentiques. Des lettres, des programmes de concert, des photos et beaucoup de dyables, ces dessins, souvent exécutés d’un seul trait et agrémentés d’une légende, qu’André Malraux griffonnait en marge de ses manuscrits, parfois sur de simples calepins ou en forme de dédicace sur la couverture d’un livre. On croirait ouvrir un carton dans le grenier d’une maison de famille.
« Avec une légère intimité » de Madeleine Malraux et Céline Malraux, Éd. Bakerstreet/Larousse
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