Au Pakistan, une fillette de 11 ans serait actuellement en prison, en attente d’être jugée pour blasphème. On l’accuse d’avoir brûlé les feuilles du « Noorani Qaida » un manuel d’enseignement du Coran pour les enfants. La jeune chrétienne, handicapée mentale, risque la peine de mort.
C’est à Mehrabad, un quartier très pauvre d’Islamabad que l’incident a éclaté, ravivant des tensions latentes entre les familles chrétiennes et musulmanes qui y cohabitent. Un voisin musulman aurait ainsi dénoncé le geste de Rimsha Masih, qui aurait brûlé des pages où étaient imprimés des versets du coran, un acte passible de la peine de mort selon la loi du blasphème. Très controversée au Pakistan et au sein de la communauté internationale, cette loi est aussi à l’origine de l’arrestation de la chrétienne Asia Bibi.
Le soir de l’arrestation de la fillette, une centaine de fidèles de la mosquée se sont rassemblés pour manifester leur colère, faisant craindre des représailles contre les chrétiens, et un nouveau massacre tel que celui de Gojra. Le 1er août 2009, sept chrétiens avaient été assassinés et une centaine de maisons incendiées par des extrémistes islamistes, suite à une rumeur accusant des chrétiens d’avoir déchiré des pages du Coran.
Selon le Figaro, les mouvements de protestation des intégristes musulmans ont pu être maîtrisés grâce à l’intervention du ministre des minorités Paul Bhatti. Celui-ci est parvenu à calmer le jeu auprès des imams, en arguant que la fillette était handicapée mentale, et qu’elle était en prison dans l’attente d’être jugée.
La communauté internationale dénonce massivement l’arrestation d’une enfant handicapée. « L’arrestation d’une personne si jeune, surtout si elle est handicapée mentale, constitue une violation grave des principes fondamentaux de l’islam », a déclaré, depuis Washington, le Conseil des relations américano-islamiques. La France a également condamné cette affaire et mis en cause la loi du blasphème : « L'existence même du délit de blasphème porte atteinte aux libertés fondamentales, que sont la liberté de religion ou de conviction, ainsi que la liberté d'expression », a indiqué le ministère français des Affaires étrangères.
De plus en plus décriée, la loi sur le blasphème fait régulièrement débat au Pakistan. Alors que les partisans de son abrogation se font de plus en plus nombreux, l’exécutif n’ose pas sauter le pas, de peur de provoquer un soulèvement des islamistes intégristes du pays. Si la plupart des condamnations à mort pour blasphème n’aboutissent pas, les chrétiens se sentent néanmoins menacés. À Mehrabad, plusieurs familles ont déjà choisi de fuir par peur des représailles suite à l’affaire Rimsha.
Source : lefigaro.fr
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