Parmi le millier de statues présentes dans la capitale, seulement une cinquantaine incarnent des femmes ayant réellement existé (si l'on exclut donc les figures mythologiques ou les allégories comme la République). Cinq représentent Jeanne d'Arc, deux Sainte-Geneviève, une George Sand, Sarah Bernhardt, Edith Piaf ou encore Dalida, énumère Le Monde. Des artistes, des combattantes, une sainte, des personnalités blanches en (très) grande majorité.
La décision de la maire de Paris Anne Hidalgo d'installer la première statue d'une femme noire est donc symbolique, mais aussi nécessaire.
Elle intervient également quelques mois après le débat autour du déboulonnage de celle de Jean-Baptiste Colbert notamment, ministre de Louis XVI ayant initié la rédaction du Code noir, un texte qui légalisait l'esclavage, et dont l'effigie trône devant l'Assemblée nationale.
"Qui n'a pas sa face solaire et sa part d'ombre ?", lance l'acteur guadeloupéen Jacques Martial, nouvel adjoint chargé des Outre-mer, au Monde. "Pour donner à comprendre la complexité de l'histoire, on pourrait ajouter des plaques, par exemple pour préciser le rôle joué par Colbert dans l'esclavage, un crime contre l'humanité". A la suppression, Anne Hidalgo préfère la visibilisation de "personnages positifs" de cette terrible époque. Et donc, de Solitude.
Ce samedi 26 septembre, la maire socialiste inaugurera un jardin dans le 17e arrondissement de Paris du nom de Solitude, qui aura donc également sa statue. Solitude (de son prénom de naissance Rosalie) est née autour de 1772, d'une mère africaine noire déportée en esclavage et violée par un marin blanc pendant la traversée jusqu'aux Antilles. Vingt-deux ans plus tard, en 1794, elle vit l'abolition de l'esclavage. Puis, la tentative de Napoléon Bonaparte de le rétablir en Guadeloupe, en 1802.
C'est à ce moment-là, alors enceinte de quelques mois, qu'elle s'engage dans la résistance, et se joint au combat. Combat que les insurgé·e·s perdront. Solitude, elle, sera condamnée à mort et pendu le lendemain de son accouchement.
Après l'inauguration du jardin viendra l'installation de la statue, qui remplacera celle, détruite par les nazis sous l'Occupation, du général Dumas, premier général d'origine afro-antillaise de la Révolution française et père d'Alexandre Dumas. Un événement qui, on l'espère, en encouragera d'autres, et rapidement.