Le mouvement #MusicToo qui invite à libérer la parole (et l'écoute) au sein de la sphère musicale, en dénonçant les attitudes des artistes, producteurs, techniciens, ne doit pas nous faire oublier que c'est également en dehors de la scène que se perpétuent les violences sexistes et sexuelles, et plus encore : au sein du public, entre les performances, dans la foule anonyme.
Et c'est ce que démontre l'institut Gece à travers une étude très instructive. En pleine saison des festivals, ce document tire la sonnette d'alarme contre les "VSS". Il synthétise les résultats d'enquêtes menées en 2022 auprès de plus de 13 000 festivaliers en tout, dans trois festivals renommés différents (Marsatac, Les Vieilles Charrues, Les Plages Électroniques).
Résultats ? Plus de neuf femmes sur dix disent éprouver "un sentiment d'insécurité" durant le festival. Sentiment lié "à la foule, à la présence d'individus en état d'ivresse" mais également à "la peur des piqûres".
Rappelons qu'en 2022, des centaines de plaintes avaient été déposées pour dénoncer des "piqûres sauvages", phénomène bien trop observé en festivals. Accablant.
L'enquête chiffrée de l'institut Gece nous apprend également qu'en moyenne, environ 3 % des festivaliers ou un de leurs proches ont déjà subi des violences sexistes et sexuelles pendant le festival. Ca fait beaucoup.
Et tout cela comprend un large spectre : actes qui portent atteinte à l'intégrité physique et/ou psychologique des individus, "en raison de leur genre ou de leur orientation sexuelle", attitudes irrespectueuses ou moqueuses, mais également propos blessants ou injurieux, gestes inappropriés et bien sûr, agressions.
Pas plus tard qu'en juin dernier d'ailleurs, c'était le festival Hellfest qui se retrouvait dans le viseur. Des changements étaient effectivement réclamés auprès des responsables, concernant une certaine inaction face aux violences sexistes et sexuelles. Des voix qui étaient venues bousculer cet événement de référence, qui réunit près de 200 000 festivaliers par week-end.
Comment lutter contre cela ? En parler et prévenir, bien sûr.
Mais pas seulement. L'institut recommande également "plusieurs pistes d'amélioration", comme sensibiliser davantage les festivaliers avant leur arrivée sur le festival, sensibiliser les équipes de sécurité aux VSS, proposer des couvercles pour les gobelets... Des applications, comme Safer, constituent également un moyen de lutte, et de prévention, contre ces violences.