Marion Larat a ouvert la brèche. Victime d’un AVC en 2006 qui lui a laissé de lourdes séquelles, cette jeune femme âgée aujourd’hui de 25 ans a porté plainte en décembre dernier contre le laboratoire pharmaceutique allemand Bayer qui commercialise des pilules contraceptives de 3e et 4e génération. C’est le début d’une bataille inattendue des Françaises contre leur moyen de contraception préféré et de profondes hésitations quant à l’attitude à adopter vis-à-vis des pilules nouvelle génération. Une nouvelle plainte vient ainsi d’être déposée par une jeune femme de 24 ans, Mylène Adam, victime d'une thrombophlébite en juillet dernier. « Une gynécologue, que je consultais pour la première fois en décembre 2011 après un déménagement, m'a prescrit la pilule Yaz, supposée plus adaptée car ma précédente pilule, de deuxième génération, me donnait des maux de tête », a-t-elle expliqué à l'AFP. Quelques mois plus tard, elle est victime d’un AVC. Et si la jeune femme n'a quasiment aucune séquelle physique aujourd’hui, elle tient à « se battre pour toutes celles qui sont plus lourdement handicapées [qu’elle] ».
Pas de panique, exhorte pourtant la ministre de la Santé, montée au front début janvier. « Je voudrais dire aux femmes de ne pas paniquer et de ne surtout pas interrompre leur contraception », répétait-elle encore ce week-end lors de l'émission « Dimanche+ ». Marisol Touraine demande ainsi aux femmes de « vérifier » le type de pilule qui leur a été prescrit avant de « voir comment elles pourront, le cas échéant faire évoluer leur contraception », « lorsqu'elles auront rendez-vous chez le médecin ». Lors d’une conférence organisée vendredi dernier, la ministre annonçait ainsi la mise en place d’un « dispositif » visant à restreindre les prescriptions de pilule 3e génération en France. « Il y a une pilule de 2e génération qui répond à la grande majorité des cas », a-t-elle souligné sur Canal+, reconnaissant qu’il y a cependant « des femmes pour lesquelles la pilule de 2e génération n'est pas adaptée ». Dans ce cas, « il appartient au médecin de voir si la pilule de 3e génération répond à sa situation ou si un autre mode de contraception peut y répondre ». Et pour avoir une vision d’ensemble sur la balance « bénéfices/risques » des pilules nouvelle génération, la ministre a fait savoir qu’elle attendait de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) de faire le point parce qu'il y a eu dans le passé « des procédures qui n'étaient pas satisfaisantes ».
C’est ainsi que, selon le Figaro, une étude confidentielle révélerait 47 cas d'effets indésirables graves (embolie pulmonaire, thrombose veineuse profonde ou encore accident vasculaire cérébral) chez des femmes exposées à la pilule, décomptées dans une seule région française. Des cas provoqués par toutes les générations de pilule, à dénombrer sur un échantillon de population de 800 000 personnes entre 1998 et 2012. Selon les premiers résultats de cette étude, seulement 3 cas auraient été « notifiés » à l'ANSM, soit un peu plus de 5%. « Non seulement les médecins déclarent peu les effets indésirables liés aux médicaments mais dans le cas de la pilule c'est encore pire puisque les effets secondaires sont connus depuis longtemps, regrette un expert dont le Figaro rapporte les propos. L'embolie pulmonaire chez une jeune fille de 17 ans qui fume et qui prend la pilule depuis six mois, c'est hyper classique. Du coup, ils ne le déclarent pas.»
Chaque année, environ 5 millions de femmes utilisent la pilule, dont la moitié environ une pilule dernière génération. Pour l’heure, les chiffres démontrent qu’en 27 ans, 13 décès ont été enregistrés, ce qui représente un cas pour 2,5 millions de patientes par an. Ces treize cas mortels se répartissent entre les différentes pilules de la façon suivante : un pour la pilule de 1re génération, 6 pour la pilule de 2e génération, 4 pour la pilule de 3e génération et 2 pour la pilule de 4e génération. Alors qu’il participait à la conférence de presse donnée vendredi 11 janvier par la ministre de la Santé Marisol Touraine, Dominique Maraninchi, directeur de l’ANSM a cependant précisé que dans « 92% des cas, il existait au moins un facteur de risque (antécédent familial, tabagisme...) associé ». Mais au-delà de ces cas mortels, 567 déclarations d'effets secondaires ont été effectués, les plus courantes étant les phlébites et embolies pulmonaires.
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